Le Père Cent, une tradition lycéenne à Vierzon

En mars 1987, de nombreux élèves sortent lentement du lycée tehcnique Henri Brisson à Vierzon. Ils forment en fait un cortège d'enterrement, celui du Père Cent.

Première École Nationale Professionnelle de France, créée par décret du 9 juillet 1881, le lycée Henri-Brisson, du nom du député du Cher qui appuya sa création, ouvre officiellement ses portes le 1er octobre 1887.
Un siècle plus tard, en 1987, Jean-Claude Boucher, habitant de Salbris, vient filmer son fils, élève du lycée technique, et capte ainsi une tradition lycéenne vierzonnaise apparue dans les années 1920 et devenue officielle au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale : le défilé du Père Cent, enterrement symbolique ayant lieu cent jours avant le baccalauréat.

Un rituel bien organisé

Jusque dans les années 1970, où il disparaît faute de moyen pour l'imprimer, un faire-part, bordé de noir et utilisant une contrepéterie différente chaque année, annonce le décès du Père Cent et la date de ses funérailles. Il est adressé aux professeurs, aux parents, aux commerçants de la ville et aux anciens élèves.
Le défilé du Père Cent dans les années 1970

Le jour venu, au petit matin, un cortège se constitue dans la cour du lycée. En plus du cercueil du Père Cent, des faux religieux et de sa veuve le suivant, il est constitué d'élèves en fin d'études représentant tous les corps de métier appris au lycée, les fondeurs sont en cotte bleue, les modeleurs avec leur hélice en bois sur l'épaule, les céramistes en blouse blanche...
Au son de la Marche Funèbre de Chopin, le défilé envahit ensuite la ville à un rythme le plus lent possible, la lenteur étant un élément constitutif de ce rituel (le record étant de deux heures pour parcourir le kilomètre menant au centre-ville).
Après le cortège, de retour au lycée, chaque lycéen inscrit son voeu d'avenir sur un papier qu'il jette dans le cercueil du Père Cent avant que celui-ci ne soit embrasé. Puis, le soir venu, tout le monde se retrouve au Grand Bal du Père Cent, souvent animé par des orchestres réputés comme ceux de Claude Bolling, Marc Taylor ou Serge Murat avec ses 17 musiciens (en 1986).

Un rituel disparu et réapparu

Cette tradition perdure jusqu'en 1999 avant de disparaître faute de participants, en raison notamment de la baisse du nombre des internes, et donc de la vie d'internat, et de l'investissement des élèves au lycée, mais aussi parce que la poursuite des études après le lycée a fait perdre la symbolique sur laquelle se reposait le père Cent : la fin des études et le début d'une nouvelle vie.
Mais, sous l'impulsion d'une nouvelle génération d'élèves désirant retrouver ces instants de rassemblement autour d'un évènement, elle réapparaît en 2015 et continue encore de nos jours, intégrant en plus les élèves du lycée d'enseignement général Édouard-Vaillant.

En douceur et en lenteur, suivez donc ce défilé funèbre finalement symbole de la naissance d'une autre vie, la vie professionnelle, et surtout du passage de l'adolescence à l'âge adulte.

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