La reconstruction du pont ferroviaire de Chinon

La reconstruction du pont de chemin de fer a été un grand chantier de l'immédiate après-guerre à Chinon, s'étalant sur plusieurs années. Au gré de l'avancée des travaux, Jean Malézy a tourné un magnifique témoignage filmé, au plus près du travail des hommes .

Construit en 1872 sur des plans de Gustave Eiffel, le viaduc ferroviaire sur la Vienne assurait la liaison Chinon-Les-Sables d’Olonne. A la suite des attaques allemandes du 29 août 1944, les deux travées côté nord de la Vienne furent « sciées » au moyen d’explosifs.

La reconstruction du pont s'est étalée de 1945 à 1948. Elle fut confiée à l’entreprise Bordeaux-Sud ; une entreprise familiale bordelaise créée dans les années 1930 qui fabriquait du matériel ferroviaire, notamment des ponts métalliques et des stations d'électrification.

Jean Malézy, cinéaste amateur de Chinon, concessionnaire Renault place de la gare à Chinon, a filmé de près les étapes du chantier et le travail des hommes : consolidation des appuis du pont et remise à hauteur et dans l'axe des rails, acheminement et fixation des pièces métalliques assurant les jointures entre les travées, rivetage à chaud, premiers essais de la locomotive à vapeur, mesure de la déformation du tablier entre les deux piles du pont...

Il intéressant de voir à quel point les prises de vues de Jean Malézy soulignent l'aspect physique et humain du travail de reconstruction. Les ouvriers utilisent très peu d’appareils ou de machines pour les aider dans leur travail. D'ailleurs, nombreuses sont les tâches qui sont effectuées à la force des bras.

La reconstruction du pont ferroviaire fut beaucoup plus rapide que celle du pont de pierre. Effective en septembre 1948, les trains purent alors de nouveau traverser la Vienne à Chinon.

Né en 1909, Jean Malézy a fait l'école industrielle de Saumur. A partir de 1930, il s'installe comme concessionnaire automobile et matériel agricole Renault, place de la gare à Chinon. Il commence à tourner des films en 1934 au moment de la naissance de sa fille. Il filme en en 9,5 mm et se partage entre films de famille et actualités locales. Vers 1938, il commence à tourner en 8 mm et en Super 8 dans les années 1970.

Commentaires

Film remarquable avec des images qui ne pourraient pas être faites aujourd'hui par un amateur fut il éclairé. Les règles de sécurité et les dispositions de chantier lui interdiraient en effet d'accéder comme il a pu le faire aux diverses étapes des travaux comme aux essais en charge sur le pont et sur la loco d'essai !! Et comme les institutionnels et les entreprises font très peu de films et de reportages nous n'aurions aucune trace de ces remarquables travaux qui permet aussi de voir l'évolution des conditions de travail (les chantiers d'aujourd'hui connaissent les systèmes de levage mobiles, les calages automatisés, l'assistance laser pour les alignements,...)

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