Tours, 1978 : la chute du pont Wilson

Le pont Wilson, nommé familièrement « pont de pierre » par les tourangeaux, est un édifice emblématique de Tours auquel les habitants sont fortement attachés. Après avoir subi toute une série de catastrophes depuis sa construction à la fin du XVIIIe siècle, le pont connaît en 1978 un ultime effondrement qui marquera profondément l'histoire de la ville. De nombreux cinéastes amateurs ont immortalisé ce sinistre, de sa chute à sa reconstruction en 1982.

Le dimanche 9 avril 1978, à 9h27, la pile n°2 du pont Wilson ainsi que les arches n°2 et n°3 s'affaissent soudainement, manquant d'emporter avec elles un automobiliste présent sur le pont à ce moment-là. Au cours de la journée, les habitants se rassemblent en masse pour assister à ce surprenant spectacle. A 14h15, le pont vacille de nouveau et la 3e arche s'effondre, suivie des restes de la 2e et de la 4e à 16h02. Le lendemain, les piles n°4 et 5 et les arches n°5 et 6 s'écroulent à leur tour, puis l'arche n°1 et la pile n°1 subissent le même sort quelques semaines plus tard, le 3 mai.

Cet effondrement inattendu est d'autant plus surprenant qu'un contrôle avait été effectué en septembre 1976 par la Direction départementale de l'Equipement et les Ponts et Chaussées, qui n'avait alors rien décelé de préoccupant.

La ville de Tours paralysée

Un tiers du pont est ainsi détruit, immobilisant la ville et privant plus de 100 000 habitants d'eau courante, une importante canalisation passant par le tablier du pont. L'électricité et les lignes téléphoniques sont également coupées, obligeant la ville à trouver des solutions de fortune : aménagement d'une station de pompage sur l'île Aucard et d'une conduite de pompage sur le pont de fil, mise en place d'un radioguidage, installation de citernes d'eaux dans différents endroits de la ville, ou encore mise en place d'un relais hertzien de téléphone rue Nationale.

La circulation est également perturbée, le pont Wilson étant un axe extrêmement fréquenté par lequel passe la route Nationale 10. Les automobilistes doivent alors emprunter les ponts Mirabeau et Napoléon, rapidement embouteillés, ou le pont de l'autoroute A10 dont le maire Jean Royer parvient à obtenir temporairement la gratuité du péage. Toutefois, face à ces difficultés de circulation, la municipalité réclame rapidement à l'Etat la construction d'un pont provisoire. Un premier pont Bailey est ainsi inauguré le 3 juillet 1978, permettant aux piétons et aux véhicules de transports en commun de traverser la Loire juste à côté du pont Wilson. Un second sera également construit afin de faciliter davantage le trafic.

Une reconstruction du pont à l'identique

La démolition de la partie effondrée du pont est engagée dès le mois d'août et s'achève en novembre. Un référendum est ensuite organisé afin de choisir le modèle de reconstruction. Les tourangeaux sont alors appelés à voter du 4 au 23 décembre 1978.

Quatre projets sont proposés : 1°) reconstruction totale du pont de pierre, 2°) reconstruction de la partie démolie en consolidation de la partie intacte,  3°) construction d'un pont en béton, 4°) construction d'un pont métallique.

Le résultat des votes est révélé le 26 décembre : c'est le second projet qui est finalement retenu, étant le moins coûteux des quatre et restant fidèle à l'architecture d'origine, témoignant du fort attachement des tourangeaux pour leur patrimoine. Les fondations de la partie écroulée sont reconstruites en béton armé afin de garantir leur solidité, tandis que le parement préserve son habillage en pierre selon le souhait des habitants et de la municipalité. Le chantier débute en août 1980 pour s'achever en juillet 1982.

Après quatre longues années d'absence, les tourangeaux retrouvent enfin leur vieux pont de pierre trônant fièrement au dessus de la Loire.

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