"Mennetou-sur-Cher, un simple village de France"

"Mennetou, un simple village de France", c'est un film 8 mm tourné par le cinéaste amateur Gabriel-Louis Guiet entre 1942 et 1946. A mi-chemin entre le film de famille et l'approche documentaire, le film nous offre de multiples regards sur la vie d'un petit village de Loir-et-Cher dans les années 1940.

Gabriel-Louis Guiet est né à Orgères-en-Beauce (Eure-et-Loir) en 1902. Après le certificat d'études, il devient restaurateur et se voit employé dans des hôtels aux Etats-Unis et à Londres. En 1937 (et jusqu'en 1954), il tient un restaurant, l'Auberge des Cordeliers, rue de l'école de Médecine, dans le VIe arrondissement de Paris.

En 1937, naît son fils unique, Georges Guiet. Au même moment, il fait l'acquisition du caméra Kodak Ciné Movie 8 mm et commence à tourner des films qui touchent à la vie de famille et aux évènements (petits ou grands) qui se déroulent en région parisienne.

À la fin des années 1930, ses parents ont quitté Orgères-en-Beauce et se sont installés comme épiciers, rue de la Relinière, à Mennetou-sur-Cher. C'est en 1942, au gré de ses allers-retours entre la capitale et Mennetou pour rendre visite à ses parents, que Gabriel-Louis Guiet commence à tourner les premières images de son film.

Le film "Mennetou, un simple village de France", dont le tournage s'étale jusqu'en 1946, cherche à montrer avec simplicité la vie d'un petit village de France (celui de ses parents) dans son existence quotidienne à travers le portrait de ses habitants - ouvriers, commerçants, artisans, paysans, cultivateurs, viticulteurs - qui sont parfois des proches. Le film cherche aussi à mettre en valeur l'amour du pays que porte le cinéaste au village : "son simple et si bel horizon de plans d'eau, ses vieilles murailles, les antiques portes de la ville qui l'enferment et qui restent le témoignage de son passé" [1]. Le cinéaste capte aussi des séquences mettant en avant des événements importants dans l'histoire du village : le défilé militaire des résistants lors la Libération en septembre 1944 ou la première moissonneuse-batteuse "Massey-Harris" en action dans les champs. Il s'offre même le luxe de tourner les séquences finales de son film en couleur (en Kodachrome) - chose rare au sortir de la Seconde Guerre Mondiale.

Le film a été projeté à plusieurs reprises à Mennetou-sur-Cher au café Legendre entre 1948 et 1950. Si ces projections sont faites avec le projecteur familial dans des conditions limite de luminosité, elles apportent un grand plaisir aux habitants du village. A l'époque, le film n'est ni sonorisé, ni synchronisé, il est simplement préfacé d'un poème d'André Rivoire et accompagné de musique classique.

Comme le soulignait Gabriel-Louis Guiet lors de la présentation publique du film en 1967 au Touring Club de Biarritz : "Si ces quelques instants passés dans la vision de ce petit village qui se situe quelque part entre Sologne et Berry sur les bords du Cher peuvent vous procurer quelque distraction et plaisir, nous en serons heureux et ce sera notre meilleure récompense".

[1] Texte de présentation du film, lors de la projection au Touring Club de Biarritz (1967).

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