En 2016, l'oeuvre architecturale de Le Corbusier est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. En 2019, L'Europe crée un itinéraire intitulé " Destination Le Corbusier : promenade architecturale ". Ciclic vous propose de découvrir deux de ces sites à travers l'oeil des cinéastes amateurs.
Le Corbusier, de son vrai nom Charles-Edouard Jeanneret-Gris, est un architecte-urbaniste connu du grand public pour ses immeubles et constructions modernes et avant-gardistes. Né le 6 octobre 1887 en Suisse, naturalisé français, il meurt en 1965 à l'âge de 77 ans des suites d'un malaise cardiaque survenu lors de sa séance quotidienne de natation, non loin de son cabanon de Roquebrune-Cap-Martin.
Le Corbusier incarne une philosophie de l'habitat moderne en affirmant :
" Les matériaux de l'urbanisme sont le soleil, l'espace, les arbres, l'acier et le ciment armé,
dans cet ordre et dans cette hiérarchie ".
Sa principale force a été de réduire considérablement les temps de construction, ce qui explique la profusion d'oeuvres sorties de son cabinet d'architecte 35 rue de Sèvres à Paris, en association avec son cousin designer Pierre Jeanneret. Il est un des premiers à remplacer les murs porteurs extérieurs par des piliers de béton armés placés à l'intérieur. Il joue avec les formes et les espaces habillant les façades de multiples et très grandes fenêtres.
Parmi ses créations les plus emblématiques se trouve la chapelle Notre-Dame du Haut située sur la colline de Bourlémont à Ronchamp en Haute-Saône, à l'emplacement d'un ancien sanctuaire romain et d'une chapelle détruite durant la seconde guerre mondiale. Les religieux font appel à l'architecte, d'origine protestante mais se disant athée, pour construite une toute nouvelle et solide chapelle. Il déclare : "Je n'avais rien fait de religieux mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter ". Elle détonne par ses courbes irrégulières à la blancheur éclatante faisant écho visuellement à sa toile "Nature morte" qu'il a peint en 1922, et signée à l'époque du nom de Jeanneret.
Pleine de contradictions, elle est à la fois ronde et carrée, élancée et trapue, basse et haute. Il se serait inspiré pour sa conception de l'architecture du mausolée du Cheikh Sidi Ami Brahim, d'El Ateuf en Algérie. Construite de 1953 à 1955, en partie grâce au financement des habitants de Ronchamp, elle obtiendra son classement au patrimoine mondial de l'Unesco qu'en 2016. Entre temps des améliorations du site auront lieu avec notamment le campanile de Jean Prouvé en 1975 et la nouvelle porterie de Renzo Piano en 2011.
La deuxième oeuvre connue mondialement et bâtie après guerre de 1947 à 1952, pour pallier les difficultés de logement des habitants de condition modeste, se nomme "La Cité Radieuse", au 280 boulevard Michelet à Marseille. Elle concentre les 5 piliers d'une architecture moderne comme les définissait dès 1926 Le Corbusier :
1) Les pilotis, 2)Le toit terrasse,
3)Le plan libre, 4)La fenêtre bandeau, 5)La façade libre
L'unité d'habitation de Marseille, plus familièrement connue sous le nom de " La maison du fada ", est conçue comme un village verticale de 7 étages comprenant 337 habitations de 23 types différents, un espace de rencontre, un hôtel, des commerces, un restaurant, une école et sur le toit terrasse des espaces sportifs et de promenade. Depuis 2013, le gymnase du toit s'est transformé en centre d'art contemporain et certains commerces ont disparu. La cité, classée patrimoine de l'Unesco depuis 2016, se visite en partie avec un conférencier. La contrepartie de ce succès entraîne une surenchère du prix au mètre carré, ce qui induit une perte totale de sa fonction d'origine : permettre aux familles modestes et aux fonctionnaires d'accéder à un logement. Cinq unités d'habitation ont été construites sur le même plan : 4 en France : Marseille en 1952, Rézé en 1955, Briey en 1961, Firminy en 1967 et une à Berlin en 1957.
La plupart des appartements de la Cité Radieuse sont habités, mais les charges sont telles que certains propriétaires n'hésitent pas à louer leur "cabine" pour une nuit ou plus. Si vous rêvez de vous immerger, le temps d'un séjour, dans l'ambiance avant-gardiste des années 1950, vous pouvez retrouver les annonces sur les sites d'hébergements, mais sachez que les gardiens de l'essence d'origine de cet immeuble paquebot n'apprécient guère ces passagers d'un soir .... Surtout s'ils sont fêtards !
Découvrez des images inédites de La Maison du Fada, tournées en 1955 par Madeleine Mallet et de La chapelle Notre-Dame du Haut en 1965 par Pierre Luder.