Joutes nautiques à Combreux

C’est probablement vers 1948 que Roger Prenois filme cette joute nautique à Combreux, sport pratiqué essentiellement en France, en Allemagne et en Suisse.

Combreux est une commune du Loiret bordant le canal d'Orléans. Ancienne voie d'eau navigable d’une longueur de 78 km, ce canal relie la Loire au canal du Loing et au canal de Briare. Il assure ainsi la continuité par voie d'eau, entre Orléans et Paris vers le nord et Briare et les canaux du Centre vers le sud. Un premier tronçon fut creusé entre 1676 et 1678 et ouvert au transport du bois et du charbon. De 1692 à 1793 le canal est en plein essor, 1 500 à 2 000 bateaux remontent chaque année la Loire depuis Nantes pour gagner Paris. Avec la disparition complète du trafic, le canal est déclassé en 1954 des voies navigables et entre dans le domaine privé de l’État. De voie commerciale il devient lieu de pêche et de loisirs.

A propos des joutes nautiques

Les joutes nautiques proviennent de notre héritage méditerranéen commun. Cette pratique remonte à la Grèce antique, reprise par Rome, grande consommatrice de spectacles en tout genre. On retrouve un grand nombre de traces de joutes sous l'Empire romain, notamment lors des naumachies, spectacles nautiques se déroulant dans des arènes conçues pour être mises en eau. Il faut attendre le XIIe siècle pour revoir des joutes nautiques. Un ancien document fait état d'un tournoi de joute à Lyon le 2 juin 1177, pour la commémoration du millénaire des martyrs chrétiens de Lyon et de Vienne. En 1270 à Aigues-Mortes les croisés, soldats et marins de Saint-Louis patientaient en s'affrontant en combats singuliers montés sur des embarcations légères. Les documents écrits ou illustrés se multiplient à partir du XVe siècle, faisant état de joutes en Sologne, à Toulon, et plus généralement sur tout le littoral méditerranéen.

Ce que nous montre le film de Roger Prenois

Chaque équipe est montée sur un bateau spécial, servant uniquement lors des joutes. L’un est bleu, l’autre est rouge. Autrefois, beaucoup prenaient les noms de « Prends te garde » et « Tiens-toi bien»… Dans le film de Prenois on distingue bien les noms des nefs : « Tiens for bien », « Prends garde à toi », « Toi aussi ». Les équipes sont composées de 9 hommes qui joutent à tour de rôle, vêtus de blanc comme le veut la tradition. Tous tiennent une arpaillette (rame à manche court ou sorte de pagaie) servant à propulser le bateau.

Les jouteurs sont debout sur le tabagnon, sorte de plate-forme située à l’arrière du bateau, ce qui les fait appeler les chevaliers du tabagnon. Les bateaux filmés par Prenois joutent à la Lyonnaise, ils se croisent par la gauche. Les concurrents portent un plastron qui recevra la lance adverse. Les jouteurs doivent piquer au centre du plastron appelé « neuf » (du fait du nombre de cases qui le composent ; le plastron sera modifié après 1950).

Celui qui est le plus fort et le mieux campé sur ses jambes réussit à déséquilibrer son adversaire qui tombe à l’eau. Ce sport fait intervenir force, équilibre, souplesse et adresse.

Cette activité de plein air estivale est une institution conviviale attachée aux "gens du fleuve". Non violente, amusante et pleine de respect pour l’adversaire, elle continue d’animer les fêtes locales des villes et villages bordant fleuves et cours d’eau.

Roger Prenois, vit dans les Hauts-de-Seine avant la deuxième guerre mondiale. Nous savons très peu de choses sur lui si ce n’est qu’il avait probablement déjà une activité liée au monde cinématographique. Réfugié  dans l’immédiat après-guerre du côté de Meillant (Cher), il crée la « Tournée cinématographique Roger Prenois », projections ambulantes alimentées en informations locales, formule visant à attirer la clientèle. Cette pratique que l’on retrouve dans les salles de cinéma de patronage était courante à l’époque. En 1947-48, il commence ses tournées en suivant le canal d’Orléans : Chécy, Bou, Fay-aux-Loges, Combreux.

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