Contre le plan Juppé à Châteauroux

Le 15 novembre 1995, le premier ministre, Alain Juppé, annonce un plan sur les retraites et la Sécurité sociale. Le projet de réforme provoque immédiatement un mouvement de grèves et de manifestations d'une ampleur jamais vue depuis Mai 68.

Élu président de la République sur le thème de la "fracture sociale" en mai 1995, Jacques Chirac explique rapidement qu'il renonce à ce programme afin de réduire les déficits et ainsi qualifier la France pour la future monnaie européenne. Dans cette optique, son premier ministre, Alain Juppé, engage une réforme des retraites et de la Sécurité sociale proposant d'aligner le régime des fonctionnaires et des agents d'entreprises publiques (RATP, SNCF et EDF) sur celui des salariés du secteur privé.

Dès sa présentation à l'Assemblée nationale, le projet provoque l'hostilité d'une grande partie de l'opinion publique, d'autant que depuis la rentrée des mouvements sociaux ont déjà eu lieu dans les usines Renault ou dans les services publics. L'annonce du "plan Juppé" est celle de trop, le mouvement devient massif et unitaire.

Du 24 novembre au 12 décembre, six grandes manifestations ont lieu dans toutes les villes du pays et les grèves touchent de nombreux secteurs d'activité. Devant l'ampleur de la protestation, le 15 décembre, le premier ministre retire son projet de réforme des retraites, mais, le 30 décembre, il parvient à réformer, par ordonnances, la Sécurité sociale, instaurant à partir de janvier 1996 la Contribution pour le remboursement de la dette sociale.

Châteauroux contre le plan Juppé

Le 12 décembre 1995, après quelques semaines de grèves, se déroule partout en France la plus importante manifestation de ce mouvement (deux millions de personnes manifestent dans tout le pays).

Manifestation contre le plan Juppé à ChâteaurouxCe jour-là, la ville de Châteauroux n'échappe évidemment pas à cette effervescence et son centre est également parcouru par un immense cortège. Pour inscrire dans le temps ce jour d'apothéose dans la capitale berrichonne, Henri Delaunay, équipé de sa caméra Video 8mm, suit les manifestants dès leur départ rue Bourdillon jusqu'à leur arrivée devant la préfecture, place de la Victoire et des Alliés. Il filme non seulement le passage de la manifestation dans les rues de la ville mais nous fait également vivre ce grand rassemblement en captant l'évènement alors qu'il marche lui-même parmi les protestataires.

Au moment où une réforme des retraites se prépare à nouveau, Mémoire vous propose donc de revivre la réaction castelroussine à celle proposée il y a exactement 27 ans.