19 mars 1962 : l’indépendance algérienne vue par un soldat à la caméra

Rares sont les images tournées par les soldats appelés à servir le drapeau français lors de la guerre d’Algérie. Celles tournées par Michel Gauvin en mars 1962 à Sour-El-Ghozlane, sont un rare et précieux témoignage de ce que fut l’indépendance algérienne, aux lendemains de la signature des accords d’Évian.

Les accords d’Evian mettent fin officiellement à 132 années de colonisation française et à sept années et cinq mois de guerre. Ils sont signés le 18 mars 1962 à Évian-les-Bains et se traduisent par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain, le 19 mars à midi. Ils sont le résultat de négociations entre les représentants du gouvernement de la République française et du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) pour mettre fin à la guerre d'Algérie.

Soldat appelé en Algérie (adjudant puis lieutenant dans le 2e régiment d'infanterie), Michel Gauvin filme avec sa caméra Paillard 8mm les scènes de joies et de liesse populaire dans les rues de Sour-El-Ghozlane (anciennement Aumale), le 19 mars 1962. Partisan de l'Indépendance, il ne se place pas en observateur distant mais au contraire participe à cet élan de joie collective, en se tenant au milieu de la foule. "Les sourires que lui adressent les hommes sur les camions et les voitures sont significatifs de leur complicité" (Lettres filmées d'Algérie - Des soldats à la caméra (1954-1962) / Jean-Pierre Bertin-Maghit / Nouveau Monde Éditions, 2015).

A ces scènes de joie répondront des évènements beaucoup plus tragiques comme la poursuite des violences pendant plusieurs mois, principalement perpétrées par l'Organisation de l'Armée Secrète (O.A.S.) mais aussi certains groupes armés algériens (issus du banditisme ou bien de l'ALN, notamment les « marsiens ») contre une partie des pieds-noirs et des harkis, en réaction à l'O.A.S.

Michel Gauvin est né le 20 novembre 1939 à Sancerre. Il est toute sa vie instituteur dans la commune. Soldat appelé (adjudant puis lieutenant dans le 2e régiment d'infanterie), il part en Algérie d'octobre 1961 à avril 1962. A Noël 1961, il achète une caméra Paillard 8mm. C'est à partir de cette date qu'il commence à tourner quelques séquences en Algérie, notamment des scènes de joie dans les rues de Sour-El-Ghozlane pour l'Indépendance. De retour à Sancerre pour reprendre son métier d'instituteur, il continue de tourner des films de famille et au sujet d'évènements locaux dans le Sancerrois jusqu'en 1980.