La plus grande école d'aviation du monde dans l'Indre de 1917 à 1919

Il y a cent ans, 8000 américains se sont installés sur les plateaux dominant Issoudun dans l’Indre. Avec l’aide des pilotes français, ils créèrent la plus grande école d’aviation du monde d’août 1917 à septembre 1919. Le 3rd A.I.C. forma 2000 pilotes et les futurs cadres de l’US Army Air Forces en 1941.

Ciclic a réalisé un film sur l’histoire méconnue en France de ce centre d’instruction d’aviation à partir d'images d'époque tournées en 1918 et 1919 par les opérateurs de l’US Army et conservées au NARA (National Archives de Washington). Ce camp de 13 000 hectares installé aux portes d'Issoudun sera la plus grande école d'aviation du monde entre 1917 et 1919. Le document dure 45 minutes au cours desquelles on croise quelques héros de l'époque tels que le Lieutenant Colonel Hiram Bingham, plus connu comme l'explorateur qui redécouvrit la Cité Perdue de Machu Picchu et qui inspira le personnage d'Indiana Jones ; le Capitaine Charles Spaatz, futur commandant de l'ensemble des forces aériennes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale. Le document retrace rapidement les raisons de l’engagement des Etats-Unis dans ce premier conflit mondial, l’important déploiement militaro-industriel qui bouleversera à jamais la campagne berrichonne mais aussi les ports et les gares de France.

BinghamSpaatz

Du 24 avril au 15 mai 1917, une mission conduite par le Maréchal Joffre (vainqueur de la Marne) et René Viviani (ancien président du conseil et socialiste) essaie de convaincre l'opinion publique américaine de la nécessité d’entrer en guerre et se charge de fixer avec précision le concours militaire des États-Unis. La France promet de fournir les instructeurs, les canons, les avions et les tanks ainsi que la formation des effectifs dont 2000 pilotes. La mission est un succès.

D’autre part, les Etats-Unis ne disposent que d'une armée de métier aux effectifs réduits, à peine 200 000 hommes, dont les seules expériences du combat avaient été acquises contre les Indiens, contre l’Espagne dans les Caraïbes et le Pacifique 1898-1902 (Rebelles philippins : Guerre américano-philippines, les Espagnols de Cuba) ou les hors-la-loi mexicains de Pancho Villa ou d’Emiliano Zapata (1914-1917). Ces hommes ne semblaient guère capables de soutenir un conflit lointain impliquant un engagement massif et les Etats-Unis n’avaient aucune connaissance de ce que signifiait une guerre industrielle sur le terrain.

L'American Expeditionary Force, nom donné au corps expéditionnaire américain en Europe durant la Première Guerre mondiale, est constitué le 3 mai 1917, il sera dissous en 1919. Ce corps expéditionnaire était sous les ordres du général John J. Pershing nommé à ce poste par le président Woodrow Wilson.

Third Aviation Instruction Center World War I / 1917-1919

Photo d'ensemble Vue EstA partir du 24 septembre 1917, entre Paudy, Issoudun et Lizeray, de part et d’autre de l’actuelle D960, s’élève une infrastructure gigantesque accueillant 8000 personnes. Ce camp était une vraie ville, il y avait le chemin de fer avec de nombreuses voies, une usine à gaz, un château d’eau, l’électricité et des puits profonds pour le stockage du pétrole et de l’essence. À son apogée le site hébergeait 68 pilotes-instructeurs, 800 mécaniciens, une centaine d’hangars, plus d’un millier d’avions répartis en 32 modèles. Lorsque les combats cessèrent le 11 novembre 1918, à force de travail, le Third Aviation Instruction Center était devenu la plus grande école d’aviation, l’aviation américaine était née. Les français avaient tenu leur parole, 2000 pilotes avaient été formés, les américains allaient repartir avec 740 avions.

Premier conflit à l‘échelle mondiale, la guerre de 14-18 devait offrir un immense terrain d’essai aux nouvelles technologies militaires issues de la révolution industrielle. Ces armes modernes, parfois de destruction massive, n’empêcheront cependant pas le conflit de s’enliser pour devenir ce que l’on sait : une guerre de tranchées.

Les causes de la Première Guerre mondiale

Les causes de la Première Guerre mondiale sont complexes et actuellement toujours débattues. Guerre de coalition à l'échelle européenne, ce conflit entraîna la mort de plus de 18 millions de personnes et fît 20 millions de blessés.

Dans la diversité des causes, les causes immédiates, le casus belli du 28 juin 1914, découlant du problème rencontré par la Double Monarchie (Empire Austro-Hongrois) avec la revendication de réunion de l’ensemble des territoires salves autour de la Serbie, et des causes plus profondes, de nature politique, économique et sociale. Il est indéniable que le facteur économique, opportuniste ou planifié, eut un rôle très important dans cette guerre industrielle qui embrasa le monde. En 1914, rien n'avait été prévu pour l'économie de guerre ; la guerre allait être courte. Rapidement pourtant, tous les belligérants réalisent que la victoire appartiendra au pays qui pourra produire le plus d'armement.

Nieuport Delage

Ils vont donc convertir leur économie aux besoins de la guerre et à ce titre, on peut dire que la guerre 1914-1918 est la première guerre industrielle. En effet, les principales nations industrielles (et premières puissances mondiales) s'affrontent et mettent leur potentiel économique dans la bataille.

Les Etats en guerre prennent tous en main l'économie du pays, souvent conseillés par des grands industriels responsables de secteurs clés (le sidérurgiste Schneider coordonne en France les commandes d'armement). Oubliant le dogme libéral, tous les belligérants font des réquisitions (de la flotte marchande notamment), ils fixent les prix, imposent des commandes prioritaires etc.

Les Etats-Unis vont passer du stade débiteur-étranger à celui de créancier important. Les estimations contemporaines confirment que pour financer la guerre, 60% des titres américains tenus à l’étranger furent revendus aux investisseurs américains en 1915-1916. Entre 1915 et 1919, plus de 12 milliards de dollars de crédits ont été accordés par les Etats-Unis aux Alliés, ainsi qu’aux Européens neutres. Les belligérants sortirent de la guerre avec une dette extérieure considérable envers les Etats-Unis.

 

Les images qui composent ce montage ont été tournées par des opérateurs américains et sont conservées et accessibles au National Archives and Records Administration (NARA) à Washington DC – USA sous la rubrique « Miscellaneous scenes of Third aviation instruction center WWI, 05/1918 » (Scènes diverses du troisième centre d'instruction d'aviation Première Guerre mondiale mai 1918), d’autres images proviennent également du NARA mais concernent cette fois les ports et les bases aéronavales de l’Atlantique. Enfin, la première partie est tirée d’un film hommage réalisé par Emile Lauquin, cinéaste amateur orléanais, en 1965 et qui porte le titre de « Commémoration du 11 novembre ». Ciclic a accompagné dès le 24 juin 2017 ce film en le commentant à chaque séance, une manière de célébrer le centenaire de l’arrivée des soldats et aviateurs américains dans l’Indre et le Cher. Les projections se sont égrenées jusqu’à janvier 2018 dans les communes participantes : Lizeray, Issoudun, Charost, Brives, Saint-Valentin, Meunet-Planches, Saint-Florentin, Chezal-Benoit, Reuilly, Sainte-Lizaigne, Reboursin, Meunet-sur-Vatan, Paudy, Aize, Vatan et se sont terminées par la séance du 21 mars lors des 12e Rencontres Retours vers le Futur à Châteauroux.

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