Third Aviation Instruction Center 1917 (partie 1)

2017 Produit par : CICLIC Pôle Patrimoine Réalisé par : CICLIC Pôle PatrimoineGilbert Le Traon En ligne le 05 Feb 2024
Issoudun (36)

3rd A.I.C. 1917-1919 (partie 1)

Le 31 juillet 1914, Jaurès a été assassiné au café du Croissant, le dernier rempart antimilitariste vient de disparaître laissant tout pouvoir au Président de la République Raymond Poincaré.

Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 11 août, la France déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie, suivie par l’Angleterre.

Dans la France rurale du début du XXe siècle, c’est partout la même histoire qui se répète, les hommes abandonnent la moisson inachevée pour se diriger vers les gares et les casernes.

La France entre en guerre dans un grand élan unanime de sa population.

Les français de tous horizons politiques s’engagent à servir la patrie d’un même cœur.

Les premiers assauts mortels laissent la place à une guerre de positions.

Le conflit s’enlise sur tous les fronts et menace de se prolonger plusieurs années.

Dès la fin août 1914, apparaissent les premiers trains de blessés et de réfugiés en provenance du Nord de la France et parfois de Belgique. Dans les gares d’Issoudun, de Châteauroux et Argenton, le trafic est intense : départ des soldats locaux, passage des trains en provenance du sud vers la gare de l’Est, convois de matériels réquisitionnés et d’armements, passage des trains sanitaires rapatriant les soldats blessés des zones de combat.

Les journaux locaux inaugurent une nouvelle rubrique, celle des morts sur le front.

Lorsque la guerre éclate, le 3 août 1914, le Président des États-Unis, Woodrow Wilson, souhaite observer une stricte neutralité maintenir l'unité nationale d'un pays dont un habitant sur quatre est né à l'étranger ou de parents originaires des deux blocs antagonistes, ménager également le potentiel économique que représente l’Europe en guerre.

Devenus les créanciers de la France et de la Grande-Bretagne, les États-Unis encouragent la victoire de l'Entente, sans pour cela se décider à entrer en guerre eux-mêmes. Wilson est ainsi réélu en 1916 notamment sur le thème de la non-intervention américaine.

Les Etats-Unis vont passer du stade débiteur-étranger à celui de créancier important. Les estimations contemporaines confirment que pour financer la guerre, 60% des titres américains tenus à l’étranger furent revendus aux investisseurs américains en 1915-1916. Entre 1915 et 1919, plus de 12 milliards de dollars de crédits ont été accordés par les Etats-Unis aux Alliés, ainsi qu’aux Européens neutres. Les belligérants sortirent de la guerre avec une dette extérieure considérable envers les Etats-Unis.

Suspendue dix-huit mois plus tôt après le coulage du Lusitania et les menaces de représailles des États-Unis. Le Kaiser veut entraver l'approvisionnement de la Grande-Bretagne et de la France pour les obliger à réclamer la paix. Véritable menace pour la flotte de commerce américaine, cette décision frappe toute l'économie du pays qui tourne alors à plein régime pour répondre à la forte demande de l'Entente.

Du 24 avril au 15 mai 1917, la mission conduite par le Maréchal Joffre (vainqueur de la Marne) et René Viviani (Ancien président du conseil et socialiste) essaie de convaincre l'opinion publique américaine de la nécessité d’entrer en guerre et se charge de fixer avec précision le concours militaire des États-Unis.

L'American Expeditionary Force, nom donné au corps expéditionnaire américain en Europe durant la Première Guerre mondiale, est constitué le 3 mai 1917, il sera dissous en 1919. Ce corps expéditionnaire était sous les ordres du général John J. Pershing nommé à ce poste par le président Woodrow Wilson.

Le général Pershing choisit Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, comme base de débarquement. C'est là qu'arrivent, le 26 juin 1917, les premiers bâtiments d'un convoi parti de New York qui amène 14 750 hommes.

Le 9 août, une deuxième base américaine est créée à Bassens en Gironde, puis en septembre, des travaux d'aménagement commencent à Pontanézen, près de Brest, pour la construction d'une véritable ville qui va accueillir 70 000 militaires américains en transit avant de monter au front. Pour chaque homme qui débarque, une tonne de matériel arrive également en France.

Les Etats-Unis expédie par bateau, à Bassens (Bordeaux) le matériel et le personnel nécessaire à l’établissement d’un camp d’entraînement pour accueillir les premiers aviateurs formés en Amérique par les français

Plusieurs milliers de volontaires féminines arrivent avec les troupes pour tenir les centres de la Croix Rouge, les YMCA et les antennes sanitaires pour l’enfance.Parmi elles, de nombreuses médecins et infirmières qui ne peuvent exercer dans l’armée, domaine exclusivement réservé aux hommes.

La Croix-Rouge américaine a été fondée à la suite de la guerre civile américaine, en 1881 sur le principe d’un partenariat public-privé pour fournir des secours aux sinistrés et un soutien médical pour les forces militaires. La plupart de ces jeunes femmes ont un bon niveau d’éducation et viennent parfois de grandes familles américaines, il s’agit véritablement pour elles d’un engagement moral et patriotique.

La Cruiser and Transport Force va amener en moins de 18 mois plus de deux millions de soldats, deux millions de tonnes de matériels, de munitions, d'armes, de ravitaillement de toutes sortes, Liberty Trucks, Harley-Davidson, Indian, Ford T, Cadillac...

Les américains s’installent dans la vallée du Cher et mettent en place une grosse infrastructure à Gièvres, la Selles-sur-Cher et Romorantin : le General Intermediate Supply Depot : 200 magasins sur 40 hectares, 213 km de voies ferrées, 555 aiguillages. Une surface totale 145 hectares : dépôt pétrolier, usine frigorifique permettant de congeler 8 000 tonnes de viande, arsenal, un atelier de 200 locomotives.

Les chambres froides qui s'étendaient sur une superficie totale de 30 000 m2 permettaient d'assurer une ration journalière de 500 gr de viande à la population entière de New-York, de Chicago, de Londres et de Paris réunis.

Carton : La gare de Vierzon deviendra un point important de l’acheminement, le General Supply Depot sera installé sur Gièvres, Pruniers, Selles-sur-Cher.

Le 28 juillet 1917 les premiers soldats américains appartenant à la 1ère division défilent dans Vierzon. Ils sont au nombre de 350 à peu près et appartiennent pour la majorité au 15e régiment du génie. Cette unité qui dépendait du quartier général installé à Tours participa à la construction de voies de chemin de fer et à leur sécurité, Vierzon étant situé sur le tracé principal entre le port de Saint-Nazaire et la région EST.

La gare de Vierzon devient un point important du dispositif d’où l’intérêt de l’installation permanente d’un camp. Celui-ci se montera à Bourgneuf dans l’axe de la route de Brinay et des routes d’Issoudun.

L'arrivée des premiers Américains dans le Centre. Plusieurs sites sont sélectionnés et finalement c’est celui d’Issoudun, déjà proche du centre de formation de Châteauroux qui sera retenu rapidement et dans le plus grand secret. Dès juin, de vastes lopins de terre au sud du hameau de Vœu sont loués. La configuration est idéale pour un centre de pilotage, les sols plats et pauvres, difficiles à cultiver font que les exploitations et les hameaux sont rares. Loin des agglomérations et des sites industriels, les risques d’accidents graves pour la population sont écartés.

De plus, le site est proche des deux grands dépôts de matériel américains de Gièvres et Romorantin, la proximité des deux centres de formation et de perfectionnement français d’Avord et de La Martinerie renforce encore le choix.

Début octobre 1917, le terrain ne ressemble encore qu’à une lande labourée mais déjà des caisses d’avions Nieuport arrivent et c’est un instructeur français, le Lt Pierre Fauville, qui fait le vol inaugural de l’école au matin du 15 octobre 1917. L’instruction commença de la sorte, au milieu de la boue à cause du sol argileux et des pluies continuelles.

L’hyper-site de 1300 hectares se découpait en 13 camps nommés Fields, aux affectations précises, possédant ses propres hangars et baraquements.

Le Field 1 sur Rouze accueillait l’état-major, l’hôpital et tous les services nécessaires. Une infrastructure gigantesque qui accueillera au final 8000 personnes : officiers, hommes de troupes, prisonniers allemands et ouvriers chinois.

La logistique était à l’image de l’Amérique : 1,6 km de routes nivelées, château d’eau, centrales thermiques (chaudières au bois), salle de spectacle et de cinéma, incinérateurs à ordures ménagères, à déchets organiques, librairie, centrales électriques, égouts souterrains, puits pour le stockage du pétrole et de l’essence, église, funérarium, crématorium, usine à gaz, bâtiment PTT, centre de tri postal, plate-forme à locomotives, réserves de charbon et de bois de chauffage, réfectoires, magasins à prix coûtant, mess, écurie de chevaux de selle pour les officiers, parc géant de transports automobiles…

En août 1918, on compte 1 518 avions, 200 pilotes sont formés par mois après 60 heures de vol. Ainsi pour le seul mois d’octobre 1918, les registres en totalisent 17 113 heures de vol. 5125 soldats + 1030 officiers. 1022 avions dont 560 en état. 91 hangars et plus de 150 baraques.

Spaatz, futur commandant de l’US air Force pendant la 2e guerre mondiale fait ici ses premières armes. Homme de communication, il se fait filme entouré des cuisiniers, mécaniciens, soldats français et américains, c’est une opération de communication.

Ce camp était une vraie ville, il y avait le chemin de fer avec de nombreuses voies, une usine à gaz, un château d’eau, l’électricité et des puits profonds pour le stockage du pétrole et de l’essence.

Commentaires

Sur le site sous forme de diaporama : http://www.museedesologne.com/wp-content/uploads/2014/04/Diaporama-Primaire-web.pdf
en 9/27, on peut voir le plan du camp américain de Gièvres, immense parallélogramme délimité par la route D976 et par la voie ferrée, toujours visible sur la vue satellite bien que la végétation ait repris les terrains.

Portrait de Olivier Fourel

Merci beaucoup pour ce document que nous ferons suivre à notre collègue ayant travaillé sur ce sujet et ayant réalisé ce montage.

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