Regard sur le Caméra Club de l’Indre

Pendant les années 50, le Caméra Club de l’Indre rassemble de nombreux cinéastes amateurs autour de Châteauroux. Jacques Griffon, Hector Gablin, Madeleine Chaploteau et d’autres… filment, montent et constituent sans le savoir un formidable fonds d’archives sur l’Indre de ces années-là. 

La création du club 

Le Caméra Club de l’Indre (CCI) est créé à Châteauroux en 1947 ou 1948. L’association se place dès sa création sous l’égide de la Chambre de Commerce de l’Indre. Le Président de l’institution est en effet nommé « Président d’honneur » et les réunions mensuelles du groupe sont fixées chaque mois dans une salle de la Chambre.

Le premier président du club est Jean-Baptiste Drevet, propriétaire d’un magasin de cycles Peugeot à Châteauroux. En 1951, la cotisation annuelle est de 1000 francs. La plupart des membres dont nous connaissons la profession sont des notables du département. Hector Gablin exploite un important domaine agricole à Brion, Madeleine Chaploteau est la fille d’un pâtissier de Châteauroux, M. Diffloth est directeur de l’EDF, Jacques Morlon est le directeur de la fédération des chasseurs de l’Indre… Les activités de chacun influencent parfois les sujets des bandes qu'ils tournent. C'est ainsi que nous pouvons découvrir cette fabrication de bûches de Noël à la pâtisserie Chaploteau, la jeune Madeleine filmant son père au travail.

Une séance par mois 

Chaque premier mercredi du mois, les séances du club permettent de découvrir et d’échanger autour des films réalisés par les membres, de discuter des nouveaux appareils disponibles (projecteurs, caméras) et d’approfondir certaines connaissances techniques. En avril 1949, les adhérents s’initient à la sonorisation des films d’amateur sur fil magnétique (une technique un peu oubliée qui consistait à enregistrer du son sur du fil métallique). En 1950, Hector Gablin propose une causerie sur les objectifs. Une titreuse est même achetée par l’association pour servir à tous les membres !

 Cinamat, la revue du CCI

Une revue mensuelle est éditée à partir de 1950. La revue Cinamat est rédigée par M. Pimpanneau et se fait le reflet de l’activité du club : comptes rendus, tribunes, annonces de projections…

Le Caméra Club de l’Indre est loin d’être refermé sur lui-même. C'est ce que nous font découvrir la revue Cinamat et les comptes rendus publiés dans la presse berrichonne. Le club participe pleinement à la vie locale. En 1949, l’association se donne pour objectif de filmer la Semaine berrichonne de Châteauroux. Des projections sont organisées en dehors du club : Jacques Griffon projette des films pour l’Arbre de Noël des Nouvelles Galeries, Jean-Baptiste Drevet présente des films sur la course de la Côte d’Ars à l’Assemblée générale du Moto-Club du Centre… Les membres du club sont sollicités pour filmer des manifestations, comme par exemple ce séjour du ski-club de Châteauroux au Mont-Dore.

Des "sorties de club" sont organisées pour visiter des sites ou des monuments intéressants à filmer, en direction d’Eguzon en 1951 ou dans la Vallée de l’Anglin en 1952.

Des rencontres avec les clubs de Bourges ou de Tours

Des liens sont même tissés avec d’autres cinéastes et d’autres clubs. Quelques mois après la naissance de l'association, le CCI invite Joseph Limousin à présenter les films qu’il a réalisé avant la guerre. Un Monsieur Duval de Tours vient montrer les photos et les films pris à l’occasion d’un grand voyage en Norvège. Plusieurs membres participent à Poitiers en février 1951 au Concours régional de l’Ouest organisé par la Fédération française des clubs de cinéma d’amateur (FFCCA). Le « Berry Républicain » du 19 mai 1950 rapporte la visite de « toute une délégation du Ciné-Club de Châteauroux, venue procéder à un amical échange de vues » avec les membres du Ciné Berry Amateur (CBA) de Bourges. Le journaliste évoque notamment « une impressionnante visite aux ruines du village martyr d’Oradour » et « un reportage amusant d’une partie de la dernière revue de Châteauroux, Travaux d’Hercule ».  

Les productions sont d’une grande diversité : Jacques Griffon réalise un formidable documentaire sur la venue du Cirque Pinder à Châteauroux, Jean Rémia conçoit des publicités pour la Mutuelle de l’Indre, Hector Gablin filme les bureaux de la Caisse de Crédit agricole de Châteauroux...

 Que sont-ils devenus ?

Aujourd’hui, les films de Jacques Griffon, d’Hector Gablin, de Jacques Morlon, de Jean Rémia, de Joseph Limousin, de Jean-Baptiste Drevet, de Robert Pinchault et de Madeleine Chaploteau sont sauvegardés par Centre Images. Mais que sont devenus les films de Léon Castagne, de Jacques Mennequin, de Pierre Doucet, d’Henri Planchet, de M. Tranchant et de M. Pierre, les films de M. Diffloth sur les fêtes de George Sand à Gargilesse en 1951, les films de M. Gaultier, propriétaire du Studio Gaultier à Châteauroux ou encore ceux pris par M. Pimpanneau au moment de la débâcle allemande en 1944 ? 

Vous avez connu des membres du Caméra Club de l'Indre ? Vous êtes le descendant d'un des membres du club et vous possédez des films ou bien des documents (par exemple des exemplaires de la revue Cinamat) ? Contactez-nous pour apporter un témoignage ou déposer vos films !

 

Ajouter un commentaire