Le film noir dans le cinéma amateur

Les cinéastes amateurs se sont parfois essayés avec succès au film noir. Intrigues, suspense, meurtres .....Ciclic vous propose de suivre le déroulement haletant de quatre courts-métrages à vous faire frissonner de peur.

Le plus ancien "Justes colères" se déroule dans un petit immeuble dans lequel vivent plusieurs familles. Chacun s'apprête à se coucher ou du moins à passer une soirée au calme .... Calme quelque peu perturbé par un incessant son de trompette joué par le voisin du dernier étage. Et la colère de monter, de monter, de monter... Mais jusqu'où ira-t-elle ? En 1935 le cinéaste Paul Epron réalise le tournage en 16 mm dans sa propre maison 45 rue Parmentier à Tours, avec le concours du Caméra Club de Touraine dont il fait partie. Ce film se présente comme une comédie légère, voir burlesque, enchaînant durant presque neuf minutes les différentes séquences où chacun des protagonistes accentue l'énervement dû au bruit de leur voisin. La qualité des plans, du montage et de la réalisation, contre-balance le jeu des acteurs, tous certainement débutants, car comme l'indique le générique, issus de l'entourage familial de Paul Epron. 

En 1959 Pierre de Montvallon, dit Piem caricaturiste, humoriste et écrivain de talent réalise un petit film de moins de trois minutes intitulé "Le Manchot". Sur les quais de Seine deux hommes se croisent dont un qui ne possède plus qu'une seule main. S'en suit une course poursuite qui nous emmène jusqu'au sommet de Notre-Dame de Paris où se dévoile le climax. Cette scène filmée en plongée laissant émerger les chimères diaboliques de la cathédrale insuffle au film une dimension maléfique laissant envisager une fin tragique. 

Dans le troisième court-métrage "Noces de cire" de Jean-François Lambert, les qualités des deux premiers films sont réunies avec un cadrage, une mise en scène, une lumière et une intrigue digne d'un polar américain des années 1950. La séquence d'ouverture sur laquelle défile le générique filmé à l'arrière d'une voiture avec en fond sonore un air de jazz s'apparente à une scène de maîtres tels que François Truffaut ou Jean-Luc Godard. 

Ce petit chef d'oeuvre raconte l’exaspération mortifère d'un commerçant en confection dont la femme, à son goût trop frivole, l’empêche de se concentrer sur son travail et son magasin de vêtements. Le jour anniversaire de leur 4 ans de mariage ne va pas se dérouler comme sa charmante femme l'avait pourtant imaginé. La voix off toujours accompagnée d'une musique lancinante donne à l'ensemble une atmosphère inquiétante. Le réalisateur Jean-François Lambert passionné de cinéma amateur depuis ses 17 ans et membre du PCCO (Photo Ciné Club Orléanais) remportera pour ce film un succès international. Avec entre autres, une médaille d'Argent à l'UNICA à Luxembourg, le prix Hitchcock à Glasgow et le Ten Best à Londres. Enfin, il sera projeté, hors concours, au Festival de Cannes Amateur.

Pour finir, le même cinéaste amateur, en 1973, en tant qu'agent aux PTT d'Orléans rejoint le Club des PTT (CPC PTT) devenu depuis « Objectif Image » dont il devient président. Il tourne avec son complice Philippe Sevestre de nombreux films dont le thriller angoissant "Faux contact" réalisé à Orléans en 1981. Dans le générique il est indiqué : "D'après une nouvelle de G.Mac Kay". Il s'agit en effet d'un récit de suspense de Gardner McKay publié dans le magazine féminin "Cosmopolitan" en 1979/1980. "Faux contact" est une adaptation du début du roman Toyer. Le climat du film se présente ainsi : sortie de cinéma un soir, une jeune femme n'arrive pas à démarrer sa voiture, tandis que la radio annonce aux informations qu'une certaine Alice a été victime d'un odieux criminel qui court toujours. Elle ne semble pas y prêter attention, préoccupée par son véhicule. Arrive un homme charmant qui se propose de l'aider...

En huit clos s'installe une relation ambiguë et quelque peu malsaine entre les deux protagonistes. La musique, le jeu des acteurs, l'intrigue et la situation stressante qui augmente crescendo font de ce film un excellent polar. Ses qualités de réalisation lui vaudront même d'être diffusé sur Antenne 2 en 1981 dans l'émission "la télévision des téléspectateurs" d'Armand Ventre.

Nous vous proposons de vous caler confortablement dans votre fauteuil et de profiter d'une soirée polar sur le site memoire.ciclic.fr 

                                                           

 

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