La manufacture de cierges Denis Cornu à Orléans

Notre parcours dans la vie économique de la région Centre-Val de Loire vous invite dans un domaine d'activité aujourd'hui totalement disparu dans les 6 départements : la ciergerie. Jean-Michel Jamin réalise un reportage dans l'entreprise Cornu à Orléans, qui se consacre à la fabrication de cierges et de bougies.

Petit historique : La bougie est avec la lampe à huile la plus ancienne méthode d’éclairage. Dès 3000 ans avant Jésus Christ le principe était connu en Egypte et en Grèce. C'est au Moyen-âge qu'apparaît la bougie en cire d'abeille, plus spécialement utilisée par les seigneurs et le clergé. La bougie tire son nom de la ville de Bugaya en Algérie - connue sous les noms français "Bougie" et algérien "Béjaïa" - qui était réputée pour la qualité de ses chandelles faites de cire d'abeille qu'elle exportait en grande quantité en France. Au 19ème siècle, le chimiste angevin Eugène Chevreul révolutionne la fabrication de la bougie par la découverte d'un principe chimique qui permet de dédoubler un corps gras en glycérine et acide gras (la stéarine). Ces 2 éléments seront à la base d'une industrialisation massive de la bougie et du savon.

En 1958, Jean-Michel Jamin, alors âgé de 19 ans et déjà habile réalisateur, s'empare de sa caméra 8mm et décide de tourner dans les locaux de l'entreprise Cornu, place de la Croix Morin à Orléans. Denis Cornu est un ami de son père et laisse toute la liberté à ce jeune reporter en herbe. Chaque étape de fabrication est soigneusement filmée sous différents angles. Les commentaires de "Lueurs profanes et sacrées", dont il nous reste une trace écrite, sont lus dans un souci très pédagogique.

Extrait  : "Coupées à la longueur du futur cierge, les mèches sont graissées à la cire. De composition variable suivant les diocèses les pains de cire sont mis à fondre dans une cuve chauffée à la vapeur "... " De cette cire fondue, l'ouvrier enduit chaque mèche, où elle se fige en se refroidissant. Pratiquée depuis plusieurs siècles, cette opération se nomme le jetage ". On peut imaginer que dans les années 1950, la ferveur religieuse était telle, que les églises et surtout la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans devaient être les premiers clients de l'entreprise, avec des moments de grandes activités durant la période des communions, mariages et notamment des fêtes Johanniques du mois de mai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retrouvez un portrait complet du cinéaste amateur : Jean-Michel JamiLes cierges utilisés par ces jeunes communiants, filmés en 1943 par Emile Lauquin à Orléans, doivent bien certainement provenir de l'entreprise Denis Cornu. La dernière partie du film quitte les lueurs sacrées pour s'attacher aux lueurs profanes des bougies d'agrément et de décoration. On remarque, qu'autant le cierge répond à des critères invariables de longueur, de couleur et de forme, autant la bougie elle, peut revêtir les formes et les couleurs les plus variées. Jean-Michel Jamin termine son film avec des gros plans sur le travail de façonnage et de modelage des mains d'un ouvrier, qui semble se réjouir de pouvoir enfin donner libre cours à sa 

Actuellement le marché de la bougie se porte bien avec l'engouement pour ce mode d'éclairage lors de fêtes familiales mais aussi pour obtenir chez soi une ambiance zen et naturelle. Cet objet ancestral est encore fabriqué, sous différentes formes, dans une quinzaine de départements français, de la ciergerie de Prémontrés à Tarascon jusqu'à la ciergerie Leroy de Boulogne-sur-Mer en passant par le Monastère Sainte Françoise Romaine à Le Bec-Hellouin dans l'Eure. Il subsiste une entreprise de ce type dans le Loiret, à Boynes, Eurobougie se consacre essentiellement à la bougie d'anniversaire et de fête. La ville de Nantes et sa région restent le centre de la production avec le groupe Devineau depuis 1803 et sa filiale "Bougies la Française" depuis 1902, installée à Cugand.



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