André Chamrobert, opticien et cinéaste

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André Chamrobert, opticien d'origine saumuroise, s'installe à l'âge de 36 ans à Vierzon. Il sera un acteur actif et attentif de la vie vierzonnaise, filmant en amateur la vie de ses concitoyens et des associations de la ville.

André Chamrobert est né le 12 mai 1923 à Billy-Montigny dans le Pas-de-Calais, commune située entre Lens et Hénin-Beaumont et connue pour la catastrophe de la mine de charbon de Courrières en 1906 (coup de poussière ayant fait 1099 morts). La famille migre à Saumur en 1925, son père est peintre en carrosserie et meurt assez jeune. André a 16 ans et doit subvenir aux besoins de la famille. Il travaille tour à tour dans une fabrique de pantoufles, comme boucher et dans la police où il aurait pu faire carrière car sa rigueur et ses facilités de contact l’avaient fait remarquer.

Jeune homme pendant la deuxième guerre mondiale, il se marie en 1945 avec Anne Pétro, native de Saumur. Alain, leur premier fils naît deux ans plus tard. André Chamrobert travaille depuis quelque temps chez un opticien de Saumur, il achète sa première caméra en 1950 alors que Maryvonne, leur second enfant va bientôt naître.

Double conjonction classique pour ce futur cinéaste amateur, l’arrivée d’une progéniture dont on veut garder des souvenirs vivants, l’opportunité de travailler dans un magasin d’optique et de photographie.

Sérieux, curieux, perfectionniste, ouvert, organisé, bricoleur, André Chamrobert va apprendre sur le tas. N’ayant pu faire l’école d’optique, il va obtenir sa qualification par les cours du soir. La petite famille s’installe, fait construire à Saumur, ville chère à André qui s’y est toujours senti chez lui. Passionné de pêche, il apprécie particulièrement les bords de Loire. Il a devant lui la promesse de prendre la suite du magasin d’optique de Saumur.

Mais les choses ne se passeront pas comme prévu et en décembre 1959 la famille doit faire ses valises suite à la vente du magasin. André s’en sort grâce à la proposition de Luc Bachelier, un ancien collègue, qui lui propose de prendre en gérance son petit magasin d’optique de Vierzon car il en ouvre un autre à Villefranche-sur Saône.

C’est une seconde vie qu’il faut établir à Vierzon, se faire connaître, gagner la confiance de la clientèle vierzonnaise. André Chamrobert aussi actif que créatif, sympathique et au service de sa nouvelle clientèle, développe les produits cinématographiques et photographiques tout en poursuivant le commerce d’opticien. Entrepreneur, il va même jusqu’à livrer lui-même les lunettes chez les particuliers. Commerçant mais avant tout sociable, il ne compte pas ses heures que ce soit en semaine ou le week-end. Il s’investit dans la vie associative de Vierzon : club de cyclotourisme, photo club et caméra club de Vierzon, carnaval. La famille Chamrobert trouve peu à peu sa place dans la vie vierzonnaise, les affaires marchent bien, Chamrobert invente de nouveaux services pour ses clients, il sonorise leurs films, la cave de la maison est un véritable laboratoire-atelier, il ira jusqu’à faire les premiers transferts de films Super 8 sur vidéo VHS.

Chamrobert est un autodidacte, intéressé par les revues de cinéma amateur. Il fréquentait assidûment le Caméra Club de Vierzon. Il en fût le président, produisait beaucoup de films mais ne concourrait jamais. Il tourne dans tous les formats, son magasin lui permettant cette souplesse. Il filme la famille, les voyages bien sûr et s’intéresse beaucoup à la vie sociale et associative de Vierzon et filme les événements locaux. Il atteint des degrés de sophistication digne des plus aguerris : titrage, montage, sonorisation. Toute la famille y participe, femme et enfants, chacun est mis à contribution dans la joie et la bonne humeur, car ce sont les mots de tendresse, chaleur humaine, dynamisme qu’emploient sa fille Maryvonne lorsqu’elle évoque cette époque où la famille se réunissait tous les dimanches après-midi d’hiver dans le salon pour la projection des Laurel et Hardy, des Charlot et des films du papa. Chaises, écran, tickets, entracte, tout y était.

L’autre aspect de la vie d’André Chamrobert est lié à son côté instinctif et novateur, il fait partie au début des années 1960 des opticiens qui, devant l’arrivée des supermarchés et de la FNAC (1956), décident de se regrouper tout d’abord dans le réseau de photographes FOCI (1957) puis dans la Guilde des Lunetiers de France, réseau qui adopte en 1966 le nom Krys. En 1968, les opticiens Krys constituent le deuxième réseau du marché de l’optique. On retiendra encore qu’il présidera l’association des commerçants de Vierzon pendant une dizaine d’années, d’où les nombreux carnavals vierzonnais filmés, membre du Lion’s Club qu’il mit longtemps à se décider de fréquenter.

Il sera avec Jean Bezagu et Jean Renoir à l’origine de la Mémoire industrielle et agricole de Vierzon. Ami de Jean Rousseau, conseiller municipal puis maire de Vierzon, Chamrobert dit « Chamro », crée le concours de pêche du 14 juillet, car sa grande passion fut la pêche, concours sportifs dans lesquels il excellait où se révélait ses qualités de compétiteur.

André Chamrobert nous a laissé par l’intermédiaire de sa fille qui les a déposés à Ciclic en 2011, 163 films dont une partie traite d’événements de la vie vierzonnaise et témoigne de l’activité de nombreuses associations comme le concert des Flying Saucer, groupe anglais de rock, à la salle Collier en 1975.

M. Chamrobert, décède le 23 janvier 2010 à Vierzon à l’âge de 87 ans.

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