Alfred Stanke, le franciscain de Bourges

Voici l'histoire d'Alfred Stanke, moine franciscain et infirmier allemand. Il a servi l'armée allemande à la prison du Bordiot à Bourges de 1942 à 1944. Il est connu entre autre pour avoir participé activement à la Résistance en se faisant messager entre les détenus ainsi que pour son humanité à l'égard des prisonniers.

Aloïs Joseph Stanke naît à Dantzig dans une famille polonaise dont le nom était Stanicewski jusqu'à ce que son père prenne le nom à consonance germanique de Stanke. Il entre vers 1920 chez les franciscains à l'institut des frères hospitaliers de la Sainte Croix et prend le nom de frère Alfred. Avant d'arriver à Bourges en 1942, Alfred Stanke sera infirmier dans un hôpital de Cologne, cet épisode de sa vie l'amènera à être arrêté par les nazis en 1936. Il sera prisonnier pendant dix jours avant d'être relâché et mobilisé en France en 1940. En 1942, il est affecté à la prison du Bordiot à Bourges comme surveillant et infirmier. C'est de cette position qu'il va venir en aide aux prisonniers. Il utilise ses compétences de soignant, il fournit des compléments de nourritures et réconforte les personnes incarcérées. Mais il sera avant-tout d'une aide primordiale dans les échanges avec l'extérieur auprès des familles et des résistants. Il sera soutenu par Georges Ruetsch et Félix Desgeorges. C'est pendant cette période qu'il soutiendra Marc Toledano résistant qui sera fait prisonnier à la prison du Bordiot et qui témoignera de la bravoure d'Alfred Stanke dans son livre Le Franciscain de Bourges.

C'est en 1948 qu'Alfred Stanke appraît dans la cour de Félix Desgeorges commerçant de vin à Bourges. La personne derrière la caméra 9,5 mm n'est autre que Jean Desgeorges, son fils.  

Ce premier film montre sa proximité avec la famille Desgeorges, quelques scènes de vie où nous pouvons voir Marie-Josée Desgeorges fille de Jean sur ses genoux. Il discute tant bien que mal avec Félix et Louise Desgeorges. Alfred Stanke maîtrisait mal le français, en effet, la plupart du temps il s'exprimait en parlant de lui à la troisième personne. D'ailleurs son allemand n'est jamais très loin, les images capturées par Jean Desgeorges nous laissent entrevoir quelques mots lorsqu'il tient le poupon de Marie Josée, "Nicht korrekt" (C'est incorrect !) s'exprime-t-il ! 

Malgré ses actes "héroïques", Alfred Stanke est fait prisonnier par les Américains en 1944. Il est transféré aux Etats-Unis. Toutefois, ses camarades de Résistance le feront sortir en écrivant au président Roosevelt. Il est libéré en octobre 1945.

C'est en 1968 que le récit de Marc Toledano sera porté au cinéma par Claude Autant-Lara. Le cinéma dans le cinéma, c'est possible. Dans ce deuxième film, Jean Desgeorges nous le prouve et nous livre les coulisses du tournage. Bien que furtives, ces images en 8 mm sont d'une grande richesse. C'est en 1967 que la cour du magasin de Félix Desgeorges sert au tournage du film Le Franciscain de Bourges qui narre les aventures d'Alfred Stanke. Au côté de Félix Desgeorges, on y aperçoit l'Abbé Pornan et Jacques Ferrière qui joue son rôle. Ce même Ferrière a aussi joué dans le Corniaud avec Bourvil et De Funès en 1965. Mais c'est avant-tout la présence de Hardy Krüger que nous retiendrons ici. Il y interprête avec un certain panache le rôle d'Alfred Stanke et refusera de toucher son cachet pour ce film. 

              

Les obsèques d'Alfred Stanke ont eu lieu en 1975 à la cathédrale Saint-Etienne de Bourges. Ayant souhaité reposer en France, il est aujourd'hui au cimetière de Saint-Doulchard. De plus, en déambulant dans les rues de Bourges, vous pourrez voir une plaque commémorative à la prison de Bordiot ainsi qu'un monument au 46 avenue Charles de Gaulle. 

Jean Desgeorges est né le 7 août 1920 à Saint Ouen. Il arrive à Bourges à l'âge de vingt mois. Dans son parcours scolaire, Jean a fréquenté le lycée Alain Fournier, la SUP (lycée technique) et l’école de Rochefort. Il devient dessinateur industriel à Bourges et travaille à la S.N.I.A.S. en tant que technicien d'avion. Durant la Deuxième Guerre Mondiale, Jean Desgeorges est au chômage technique. L'aluminium des avions est réutilisé pour faire des casseroles ! Il s'est caché pour ne pas partir au S.T.O. Jean était membre du Ciné Berry Amateur tout comme Guy Magdelein et M. Auclert. Il était passionné de cinéma. A la fin de l'année 1967, l’entreprise de son père Félix accueille le tournage de certaines scènes du film « Le Franciscain de Bourges ». Jean Desgeorges a évidemment sorti sa caméra, ce qui lui a donné l'occasion de filmer une scène qui n'a pas été retenue au montage (celle où un jeune homme crève le pneu du vélo d'Alfred).

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