Été 1952 à Gien, la fin de l'année scolaire approche. Les écoles publiques du canton sont rassemblées. La fête de la jeunesse, son impressionnant défilé à travers les rues de la ville, son grand rassemblement et ses exercices synchronisés sur le stade de la commune, va pouvoir battre son plein, sous l'oeil attentif de la caméra 9,5 mm de Maurice Brassier, directeur du Collège d’Enseignement Général de Gien.
Les fêtes de la jeunesse sont des évènements propres à l'école publique. Organisées à la fin de l'année scolaire, elles rassemblent les élèves (du primaire ou du secondaire) d'un canton ou d'un département afin de célébrer les valeurs républicaines, de favoriser la socialisation des enfants et de mettre en valeur l'enseignement public.
Comme nous le montre le film de Maurice Brassier, ces fêtes suivent généralement le même déroulé. Tout d'abord, c’est le défilé des élèves dans les rues de la ville. Nous découvrons ici les différentes écoles participantes : Bonny-sur-Loire, Beaulieu-sur-Loire, Férolles, Coullons, Courtenay et Gien (entre autres).
Les élèves sont accompagnés/précédés par les fanfares ou les cliques musicales de leur commune et aborent à quelque chose près la même tenue.
Vient ensuite le temps du rassemblement des élèves avec des démonstrations gymniques et des spectacles déguisés (ici au stade de Gien).
Enfin, vient le moment où les élèves effectuent de grands mouvement d’ensemble synchronisés et en musique (généralement sous la direction d'un instructeur/trice sportif/ive ou d'un instituteur/trice). Il s'agit du "lendit scolaire", le temps fort de la fête de la jeunesse.
Ces fêtes de la jeunesse étaient chapotées par l'USEP (Union Sportive de l'Enseignement du Premier Degré), notamment pour les enfants âgés de 9 à 14 ans. L'USEP était elle-même rattachée à la Ligue de l'Enseignement, tout comme les Fédérations Départementales des Œuvres Laïques.
Ce type d'évènement d'un point de vue symbolique est très intéressant : l'école républicaine et laïque affirme sa puissance, sa capacité et sa force à fédérer autant d'élèves au même endroit au même moment.
Mais au-delà de l'aspect symbolique, ces évènements étaient des moments populaires qui fédéraient énormément de monde : les autorités politiques locales, cantonales (voire départementales), les responsables des établissements scolaires et du sport scolaire, les parents d'élèves et leurs familles.
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Le mot "lendit" était utilisé au Moyen Âge pour désigner la Foire du Lendit de Saint-Denis, au nord de Paris, où les écoliers se rendaient en juin pour faire provision de parchemin et se livrer à des jeux. Le Dr Tissié, président de la Ligue girondine de l'éducation physique, repris ensuite ce mot vers 1880 pour l'appliquer à des joutes scolaires où se mesuraient les équipes des lycées et collèges de l'académie de Bordeaux.
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