Rodolphe Caillaux, peintre, vu par Philippe Sevestre

Les artistes au travail sont des documents rares, parfois mis en scène où ils sont mythifiés. Il demeure que leurs gestes sur la toile, leur relation aux outils utilisés sont vrais. Philippe Sevestre filme Rodolphe Caillaux en 1980, le peintre est alors âgé de 76 ans.

Philippe Sevestre (voir encadré) est un cinéaste amateur chevronné, déposant à Ciclic depuis 2011, conservateur du patrimoine au Ministère de la Culture de 1978 à 2002, il a abordé dans plusieurs films les domaines de l’art (peinture, sculpture) et de la bande dessinée. Il approchera ces domaines sous différents angles : documentaire avec ‘’Portrait du peintre Rodolphe Caillaux’’ et ‘’Sculpture au présent’’, note avec ‘’Scènes de la passion’’, recherche avec ‘’La Giusta Causa’’. Cet intérêt pour l’art n’est pas courant chez les cinéastes amateurs, nous l’avions déjà abordé avec Yves Bayard et son intérêt pour la performance de l’artiste Jean-Claude Bedard ou son docu-fiction sur les sculptures monumentales couvertes de céramiques de La Grande Borne à Grigny et Viry Châtillon (91).

Rodolphe Caillaux (1904-1989) est un peintre expressionniste de l'école de Paris, également lithographe. Le peintre fait ses débuts au Salon des Indépendants en 1928, en même temps que Raymond Feuillatte, Alexander Calder, Otto Freundlich, Jean Hélion, Georges Papazoff et Joaquin Torres Garcia. Il entre au Salon d'automne en 1932. Avec la guerre, il s'installe à Pau en 1940, puis rejoint Paris en 1947.

Après-guerre, il est le représentant d’un expressionisme très représentatif du travail figuratif des années 1950. Les collections publiques, les musées d’Alger, d’Oran, de Pau, Rodez ou Saïgon possèdent aujourd’hui ses œuvres. Célèbre par ses bouquets de fleurs et ses paysages maritimes des Pyrénées-Atlantique aux couleurs vives, aux traits soutenus et aux formes accentuées, Caillaux fait figure de résistant de la figuration à la fin de sa vie, sa palette vive et ses couches épaisses de peinture à l’huile étalée au couteau se vendent bien mais ont aujourd’hui une cote modeste.

Philippe Sevestre fait du peintre Rodolphe Caillaux un portrait original à la manière d’un rapport de police froid et factuel qui fait passer l’artiste pour un criminel. Ce point de vue singulier donne du caractère à ce court métrage dont les deux tiers sont consacrés au travail de l’artiste sur la toile. Cette manière de travailler le "point de vue" est significative de l'oeuvre de Sevestre, les trois autres films proposés sur la sculpture, la bande dessinée et la vidéo vous permettront de le mesurer pleinement.

Philippe Sevestre est né en 1942 à Paris. Titulaire d’un D.E.S. d’Histoire à Paris Sorbonne, il fait son entrée dans la vie professionnelle en 1966 comme rédacteur dans des maisons d’édition (Guide Michelin, Presses Universitaires de France, Editions encyclopédiques Alpha) puis entre au Ministère de la Culture et de la Communication comme conservateur du patrimoine. Le cinéma amateur l’attrape en 1974 et ne le lâchera plus. Ciclic conserve une cinquantaine de ses films dont plusieurs fictions et documentaires. En avril 2002, à la retraite du Ministère de la Culture, il est nommé à la présidence de la prestigieuse FFCV (Fédération Française de Cinéma et Vidéo), rôle qu’il tiendra jusqu’en 2011 avant de devenir son trésorier.

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