Parade du cirque Pinder à Tours

Le cirque Pinder et Tours, c’est une longue histoire d’amour.

La société "cirque Pinder" a été créée à Tours en 1932 par Charles Spiessert, à qui le cirque a appartenu pendant 43 ans, entre 1928 et 1971. M. Spiessert fut maire de Chanceaux-sur-Choisille jusqu'en 1962, lieu où le cirque était basé pendant toutes ces années. Cependant, c’est bien à Tours que le cirque débutait toutes ses tournées. Revenons sur ces images tournées par Maurice Auclair, moment majestueux où le cirque parade dans les rues tourangelles. 

Au cours des années 1950, c’est la grande époque du cirque Pinder. Chars décorés, cavaliers, grande ménagerie et musiciens font la renommée de cette parade. A cette date, le cirque Pinder est un chapiteau pouvant accueillir jusqu’à 5 000 spectateurs, trois pistes de spectacle et 140 camions peints en rouge et jaune, couleurs symboliques du monde circassien dès 1947.

Comme chaque année, le cirque Pinder déambule dans les rues de Tours. L’année 1955 ne déroge pas à la règle. Devant une foule de curieux la parade se fraie un chemin sur la place Jean Jaurès puis se pavane de la rue Nationale à l’avenue Grammont en passant par le boulevard Heurteloup. Comme les images nous laissent l'apercevoir, les bâtiments sont encore marqués par les stigmates des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Cette modibilisation réaménage les lieux et permet aux tourangelles et tourangeaux de s'approprier les rues qui subissent les transformations urbaines des trente glorieuses (1945 - 1973). La présence du cirque Pinder est un vecteur de rassemblement, de contemplation et d'échange autour d'un évènement festif, qui nous pousse au voyage. 

L'année 1955 nous propose une parade pour le moins haute en diversité. Nous avons tout d'abord les chars, instruments indispensables à toute bonne parade. Ils n'ont pas à rougir en terme de fantaisie, étant tous plus imaginatifs les uns que les autres. En tête de cortège, nous avons le monstre marin transportant l'orchestre du cirque puis le lion tractant une voiture de fauves. Le suivant s'inscrit dans la droite lignée des images iconiques du cirque : le clown, ici sous forme d'un train. Il est suivi de très près par la sirène.

Néanmoins, une parade, ce n'est pas que des belles mécaniques, c'est aussi la présence d'animaux emblématiques. Ici les éléphants sont à l’honneur. Depuis ses origines le cirque Pinder a toujours été associé aux éléphants. Dans les années 1950, c’est un troupeau de dix pachydermes, sûrement ceux présents sur ces images, qui se partagent la piste. Quelques années plus tard, quatre d’entre eux seront envoyés en URSS en échange d’orang-outangs. C’est à cette période que les éléphants recouvrent leurs lettres de noblesse, après une période difficile durant les années de guerre où le cirque français ne pouvait faire de représentations et où les éléphants étaient utilisés pour les labours.

Les déguisements ne sont pas en reste, vous pouvez observer et repérer des cowboys, des clowns, des marins mais aussi des princesses... Ils sont surtout visibles sur les personnes dans les chars ou à cheval.

La parade suit son chemin fendant la foule des spectateurs venus en nombre. La police au guidon de leurs hirondelles (vélo) suit et veille à ce que tout se passe dans le calme.

Rien n’est laissé au hasard, tout est millimétré sous le regard avisé de Charles Spiessert, debout scrutant l'horizon à bord d'une Dodge WC. C'est en 1928 qu'il acheta le Cirque Pinder appartenant à la famille Pinder depuis 1854 alors tombée en faillite. Il va progressivement s'imposer auprès du public par la qualité de son organisation et de ses spectacles composés, comme on peut le voir sur les images d'artistes, d'acrobates, de clowns et de dompteurs... Malgré la période difficile de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle le chapiteau resta clos, Charles Spiessert a toujours maitrisé son entreprise. Il attachait beaucoup d'importance à tout ce qui concernait son cirque jusqu'au moindre détail, de la publicité au programme en passant par la logistique et le transport. Tout était pensé pour être à la pointe du spectacle vivant.

L'histoire de Pinder ne résulte pas seulement de la volonté d'un homme, mais de l'ensemble des personnes travaillant au sein de cette entreprise familiale ambulante. Sa famille fut d'une importance centrale, il est ici accompagné de ses 3 fils Jimmy, Willy et Serge paradant en costume et chapeau blanc sur leurs montures.

Ces images témoignent d’un véritable attrait du public qui se massait pour voir ces défilés, signes d’une glorieuse époque pour le cirque Pinder. Le succès ira grandissant jusque dans les années 1960, où Charles Spiessert obtiendra l'appui de la station RTF, nommée par la suite ORTF, dans la diffusion des spectacles du cirque et la participation à des jeux radiophoniques. 

Maurice Auclair travaillait dans une quincaillerie au 108 avenue de la Tranchée à Saint Symphorien. En 1948, il est l'un des membres fondateurs, avec M. Georges et M. Barrier, du Caméra-club de Touraine dont le siège fut un temps sur son lieu de travail. Jusquà la fin des années 1970, Maurice Auclair filmera en 8 mm ainsi qu'en 16 mm. Ciclic possède actuellement 101 films tournés entre 1955 et 1988, dont 78 sont numérisés sur Mémoire.



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