Max Ernst en Touraine

Max Ernst fait partie des artistes attachés à la Touraine, il y peint en 1962 « Le jardin de la France », hommage à la Loire et à la France. C’est à Huismes que Max Ernst produit une œuvre majeure, considérée comme l’un des plus beaux livres d’artistes du XXe siècle, Maximiliana ou l’exercice illégal de l’astronomie mais aussi de surprenantes sculptures.

C’est en 1955 que les artistes Max Ernst et Dorothea Tanning s’installent à Huismes (Touraine) dans la ferme du Pin qu’ils baptiseront « Le pin perdu ». À Huismes, Max Ernst s’adonne à nouveau à la sculpture, comme dans les années 1930 et 1940. La région tourangelle en a gardé l’un des plus beaux souvenirs, la Fontaine d’Amboise. Le maire de Huismes, Gilles Chauvelin, fondateur de l'entreprise de restauration et de taille de pierre éponyme, se lie d’amitié avec Ernst et contribue à la réalisation de sculptures monumentales en pierre en 1966 et 1967 dont la fontaine d’Amboise inaugurée en novembre 1968.

Dans les collections de Ciclic, deux films amateurs retracent ce séjour de 15 années en Touraine : 

En 1966, Simone Issaud filme l’artiste au lieu-dit "La Couture", dans l'atelier de l'entreprise de Gilles Chauvelin, spécialisée dans la restauration de monuments historiques, Max Ernst, un canotier sur la tête, taille au burin une des pièces composant sculptures de l'œuvre "Corps enseignant pour une école de tueurs" faite en roche dure de Vilhonneur (tuffeau).

Robert Ernie filme le 23 novembre 1968, sur l'actuel quai du Général de Gaulle à Amboise, une délégation d'officiels parmi lesquels se trouve Michel Debré, venu inaugurer la fontaine sculptée par Max Ernst en 1967.  La sculpture est intitulée "Aux cracheurs, aux drôles, au génie". Max Ernst fait à son tour un discours. La fontaine est composée de bronze, résine et roche dure de Vilhonneur, c’est une œuvre appartenant au Centre National des Arts Plastiques mise en dépôt à la Ville d’Amboise.

Max Ernst est né en Allemagne, à Brülh, près de Cologne en 1891. Il débute une carrière de peintre expressionniste en 1912, mobilisé, il participe à la première guerre mondiale de 1914 à 1918 sur le front à Verdun puis en Pologne. « Max Ernst est mort en 1914 et né en 1918 » dira-t-il, l’artiste deviendra une figure majeure de l’art en Europe pour le XX° siècle. Artiste pionnier et novateur, il est co-fondateur des deux avant-gardes artistiques de la première moitié du siècle : le mouvement Dada à Cologne en 1919 et le Surréalisme à Paris en 1924. Max Ernst a vécu à Paris de 1922 à 1937. Emprisonné pendant la seconde guerre mondiale en 1939 et 1940 comme ressortissant allemand, il s’évade et s’exile à New York en 1941. Il épouse la collectionneuse Peggy Guggenheim dont il divorce pour partager la vie de Dorothea Tanning, une jeune artiste américaine qu’il épouse en 1946.  Après plusieurs années passées à Sedona dans le désert de l’Arizona, le couple  rejoint Paris en 1952. En juillet 1954, Max Ernst reçoit le prestigieux Grand Prix de la Biennale de Venise qui lui ouvre de nouvelles perspectives et une reconnaissance internationale. Ce prix lui permet d’acquérir la maison de Huismes sur les conseils de Jean Davidson, fils du sculpteur Jo Davidson et de se rapprocher ainsi d’Alexandre Calder installé à Saché. Dans leur maison baptisée « le pin perdu », Max Ernst et Dorothea Tanning retrouvent enfin une vie apaisée en Touraine. Les deux artistes produisent dans leurs ateliers respectifs une œuvre conséquente. En 1958, Max Ernst obtient la nationalité française, les rétrospectives se succèdent : Musée National d’Art Moderne à Paris en 1959, inaugurée par André Malraux, Tate Gallery à Londres, Musée d’Art Moderne de New York... En 1969 des soucis de santé éloignent Max Ernst de Huismes, qui rejoint sa femme Dorothea dans le Var à Seillans. L’artiste meurt à Paris le 1° avril 1976.

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