Le tabac dans le Loir-et-Cher, 50 ans d'histoire...

La culture du tabac par ceux qui la font : qui de mieux placé qu'un planteur ayant connu le plein essor de cette culture, pour témoigner de ses évolutions entre 1930 et 1985, veille de son déclin irrémédiable ? Un document unique sur le tabac à travers le regard d'un spécialiste et de son fils. 

Dans le Loir-et-Cher, la culture du tabac apparaît au début des années 1930 et prend son essor dans les années 1950 pour répondre à une demande toujours plus forte du consommateur, encouragée par le SEITA. La Société d'Exploitation Industrielle de Tabac et Allumettes, en tant que société nationale, disposait du monopole et produisait toutes les grandes marques telles que les Gitanes et les Gauloises. Elle a cherché à diversifier son offre pour plaire au plus grand nombre, y compris à la nouvelle cible féminine. Les producteurs ont su répondre à cette forte consommation grâce notamment à la mécanisation (planteuses, enjambeurs...) qui rentabilise le travail, et la création de fédérations de planteurs pour faire face aux difficultés administratives dues à une règlementation très stricte. Puis tout bascule à partir de 1976 précisément : l'ouverture à la concurrence américaine d'abord, et un changement radical dans les politiques de santé publique (loi Veil), vont entraîner la perte du monopole de la SEITA en France et une forte baisse de la consommation. Cette baisse se poursuit jusqu'à nos jours, accompagnée par de nouvelles actions publiques (loi Evin en 1991, plans de lutte contre le tabac...). La SEITA est privatisée en 1995 alors qu'elle comptait une trentaine d'usines. Elle est rachetée par Imperial Tobacco en 2008 et compte seulement 6 sites en 2013.

Exploitant agricole à Nouan-sur-Loire, Gérard Houdeau cultivait maïs, blé, échalottes et oignons, mais aussi le tabac. Il était président du syndicat des planteurs de tabac auprès de la SEITA. Avec la participation de son fils Hervé, il réalise un documentaire en 1986, après deux années de tournage dans sa plantation. Agrémenté de nombreuses archives - articles de presse, photographies, extraits d'ouvrages, documents préfectoraux - et d'un commentaire dit par Henriette Houdeau (épouse de Gérard), ce film réalisé en famille a toutes les qualités d'un film professionnel. Introduction historique, reconstitution des méthodes anciennes, démonstration précise de chaque étape de la culture, de la récolte et de la vente, organisation de la profession... le réalisateur tient à témoigner de son métier sous tous ses aspects, aussi bien techniques qu'économiques.

Gérard Houdeau pratiquait la photographie dans les années 1950, et a commencé le Super 8 vers 1965 pour enregistrer les souvenirs familiaux. Il était aussi pompier volontaire et a filmé des manoeuvres et des cérémonies. Dans les années 1970, il fréquentait l'association "Audio-Vision-Sologne", ciné-club des agents EDF de la Centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, avec laquelle il tourne "Découvrons la Sologne", ou des reportages sur les fêtes locales. Son fils Hervé, né en 1957, prend la relève à l'âge de 20 ans et commence à filmer auprès de son père. Il réalise quelques reportages, notamment sur l'extraction de sable à la drague de Saint-Julien ou la fabrication de l'eau de vie. Tous deux pratiquaient le montage et parfois même, sonorisaient leurs films avec musique et commentaires.

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