Le printemps c'est bicyclette !

Avec l’arrivée du printemps, les bicyclettes sortent des remises, en témoigne le programme de randonnées cyclotouristes proposé par bon nombre d’associations de la région Centre-Val de Loire où l’on compte pas moins de 136 vélo-clubs adhérents de la Fédération française de cyclotourisme (FFCT).

Le vélocipède, invention essentielle du XIX siècle

Le vélo, vélocipède ou bicyclette est un véhicule à deux roues propulsé exclusivement ou principalement par l'énergie musculaire du cycliste. Inventé au début du XIX e siècle, il demeure l’un des principaux moyens de transport dans de nombreuses parties du monde. A partir de 1890, il devient un étonnant facteur d’autonomie individuelle et est à l’origine de la création d’une mode de vêtements féminins. L'usage du vélo a entraîné l'organisation sur le plan politique des cyclistes et des amateurs de bicyclette, sous forme de groupes de pression, pour promouvoir auprès des institutions la création d'un réseau routier revêtu, bien entretenu et cartographié. Le modèle d'organisation de ces groupes de pression a facilité plus tard le développement de l'usage d'un autre véhicule à roues : l'automobile. Le néologisme « cyclotourisme » a été créé en 1888 par celui qui est considéré comme l’apôtre du cyclotourisme, Paul de Vivie dit Vélocio.

Jean Sevin filme en 1942 les balades printanières puis les vacances itinérantes d'un groupe de jeunes gens d'une vingtaine d'années à travers la campagne française, pourtant occupée par les forces allemandes, de Paris jusque dans le massif du Morvan. Les routes sont loin d'être encombrées et le groupe jouit pleinement de cette échappée.

Beaucoup plus tard, en avril 1975, le ciné-club de la C.I.M.T, devenue l'entreprise Cadoux en 1970, filme les activités socio-culturelles et sportives du comité d’entreprise. Ces films sont présentés en première partie des séances de projection de films d'exploitation à l'attention des salariés. Comme le souligne Dominique Maugars, ancien cheminot et ouvrier de chez Cadoux : "Ce qui s’est soudé, avec les familles dans les sorties culturelles, se retrouve pour la lutte". Le côté familial et convivial de cette journée passée sur un vélo représente bien l’esprit des clubs de cyclotourisme des années 50.

Herminio Cabrera filme les membres du club Cyclo Touriste Vierzon à Pâques 1979, place Vaillant-Couturier et leur départ pour la randonnée annuelle. La sortie est totalement organisée avec pointage, voiture balai, intendance. Nous sommes loin des départs d’une jeunesse assoiffée d’aventure et de liberté filmée par Jean Sevin en pleine occupation, mais proche de l’activité fraternelle du comité d’entreprise des établissements Cadoux qui rassemblait familles, célibataires et jeunes ouvriers.

Le Touring club de France, créé en 1890, fut la première association nationale représentative du cyclotourisme et se tourna peu à peu vers le tourisme en général, s’intéressant moins au vélo. Vers 1920, le cyclotourisme n’avait encore aucune unité, exception faite, peut-être, de l’unité morale formée en 1887 autour de Paul de Vivie et de sa publication «Le Cycliste». Au lendemain de la Grande Guerre, naquit un vif désir de liaison inter-sociétés. Le Touring club de France vit cette activité lui échapper de plus en plus, et c’est ainsi que fut créée, le 8 décembre 1923, la Fédération française des sociétés de cyclotourisme (FFSC), rebaptisée le 7 mai 1945, Fédération française de cyclotourisme (FFCT).

Le cyclotourisme et la pratique du vélo en général sont devenus une activité dominicale de plus en plus généralisée. Nombreux sont les départements de France où il vaut mieux ne pas prendre sa voiture le dimanche matin, les routes sont pleines de grappes de cyclistes ou de coureurs solitaires dans leur échappée du domicile conjugal. "Le vélo c’est la santé", de nombreuses expressions populaires l'ont repris à leur compte, ça aide à ne pas "péter un câble" ou "perdre les pédales" ou encore "dérailler" dans un monde de plus en plus rapide.

Paul de Vivie (1853-1930), de son nom de plume Vélocio, personnage hors du commun fût un ardent défenseur des vertus du cyclotourisme notamment dans la revue qu’il créa, « Le Cycliste », moyen d’expression et d’information des randonneurs à bicyclette. Dès 1882, il fondait la manufacture Stéphanoise de Cycles « La Gauloise » et en 1886 « l'Agence Générale Vélocipédique ». Précurseur tant en technique, qu’en diététique, il exhorta les industriels stéphanois à se lancer dans la fabrication des cycles. Il démontra à cette époque que l’on peut rouler longtemps (il faisait des étapes de 40 heures), pour peu que l’on suive des règles élémentaires de pratique et d’hygiène. Ses « sept commandements » sont restés en mémoire et demeurent encore aujourd’hui des préceptes à suivre pour rouler bien et longtemps : 1– Haltes rares et courtes, afin de ne pas laisser tomber la pression. 2– Repas légers et fréquents : manger avant d’avoir faim, boire avant d’avoir soif. 3– Ne jamais aller jusqu’à la fatigue anormale qui se traduit par le manque d’appétit et de sommeil. 4– Se couvrir avant d’avoir froid, se découvrir avant d’avoir chaud et ne pas craindre d’exposer l’épiderme au soleil, à l’air, à l’eau. 5– Rayer de l’alimentation, au moins en cours de route, le vin, la viande et le tabac. 6– Ne jamais forcer, rester en dedans de ses moyens, surtout pendant les premières heures où l’on est tenté de se dépenser trop parce qu’on se sent plein de forces. 7– Ne jamais pédaler par amour-propre. 

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