Gros plan sur les grands sommets

Si le cinéaste amateur orléanais Jean-François Lambert avait pour violon d'Ingres la pratique du cinéma, il aimait l'associer à une autre passion : la montagne !

Entre 1950 et 1990, il réalise de nombreux films documentaires dans les Alpes, faisant le portrait de certaines régions, chroniquant des randonnées en haute-montagne ou gardant le souvenir de séjours de sports d'hiver.

Une montagne d'émotions

Les films-portraits peuvent frapper par leur dimension très poétique, donnée non seulement par la qualité des images et l'accompagnement musical, mais surtout par le texte dit en off, qui est bien plus qu'un simple commentaire descriptif. Soigneusement écrits et interprétés, mêlant savamment informations concrètes et envolées lyriques, ils réussissent à transmettre des émotions  grandissantes. Les films Haut-Dauphiné et La Vallouise, tous deux tournés en 8 mm autour des années 1960, sont de véritables odes à la nature..Cette veine poétique se retrouve dans le film Sommets qui n'est déjà plus le portrait lyrique d'une région, mais s'intéresse aussi aux exploits des hommes dans ces milieux hostiles. 

Là-haut, à 3000 mètres

En effet, plusieurs films ont pour sujet le sport de montagne et sont réalisés grâce à de véritables prouesses techniques pour des films en super 8. Les films sur les randonnées de haute montagne comme Pralognan, la traversée des dômes, ou Randonnée dans le massif des Rouies, tous deux réalisés dans les années 1980, en super 8 sonore, en sont de bons exemples. Même si les caméras sont petites et légères, il faut imaginer l'alpiniste non professionnel en train de filmer ses camarades tout en poursuivant une ascension difficile. Accompagné par des amis en cordée, alourdi par un sac à dos, déstabilisé par le vent et le froid, le cinéaste parvient à filmer de somptueuses images. Les grimpeurs et leurs crampons cassant les glaciers sont habilement filmés en gros plan. L'exposition et la mise au point des séquences montrant de la neige et de la glace sont impeccables, malgré le réfléchissement de la lumière.

Des crampons aux skis

L'aventurier Jean-François Lambert aime filmer en emportant sa caméra dans les situations les plus extrêmes. Même quand il s'agit de filmer des vacances au ski en famille, il fait des choix artistiques audacieux. Dans Ski à Val d'Isère, (super 8, 1979), la caméra embarquée devient subjective pour filmer le bout des skis en train de dévaler les pistes. Elle se faufile sur les télésièges et les tire-fesses pour nous donner des points de vue rares dans les films de vacances. Dans Rhapsodie blanche, (8mm, 1970), la neige scintille, les contre-jours et la brume sont esthétiques, le montage est soigneusement rythmé sur la musique, les cadres sont choisis avec application. Aucun effet superficiel ne vient troubler la beauté simple des images, si ce n'est un zoom de temps à autre qui dévoile la petitesse des skieurs dans l'immensité de la montagne.

Prenez de l'altitude et laissez-vous aller à l'émotion des films de Jean-François Lambert qui avait pour plaisir de "faire partager aux autres ce que l'on a soi-même ressenti".

Né en 1933, Jean-François Lambert commence à tourner au début des années 1950. Après ses premiers films de famille, il entre très vite au Photo-Ciné-Club Orléanais (P.C.C.O.) dont il devient une figure dans les années 1960. Il est l'auteur de nombreux documentaires, de films à scénarios. Il écrit ses films à partir d'histoires originales ou de nouvelles comme "Des fleurs pour Algernon", très grand succès primé dans de nombreux concours de cinéma amateur.

Les films de Jean-François Lambert ont été numérisés dans le cadre du Plan national de numérisation du Ministère de la Culture. Initié en 1996, le Plan National a d'abord permis d'aider à la numérisation des fonds iconographiques et sonores appartenant à l'Etat. Depuis 2000, il est également ouvert aux collections des collectivités territoriales, des fondations et des associations.

Commentaires

Un grand merci pour cette rétrospective, témoignage de l'amour de la montagne.
Elle est chargé de souvenirs partagés, de beauté dans la simplicité d'une spatule traçant la poudreuse, d'un pas lent de randonneur, tranquillement, transpirant d'une secrète contemplation.

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