"Fleur du pavé", un cinéma d'animation "bricolé maison"

"Fleur du pavé" est un film d'animation Super 8 "bricolé à la maison", à la fois unique, loufoque et au sens de l'humour bien aiguisé ! Truffé de trouvailles, d'inventions visuelles et sonores en tout genre, il est réalisé en 1980 par deux amis chartrains, Robert Parlange et Alain de Filippis.

Au commencement "Fleur du pavé", c'est l'histoire d'un puzzle acheté par Robert Parlange. Il représente une femme, vendeuse de fleurs ambulante dans la rue. Cette image au propos réaliste va être détournée par les deux amis pour la transformer en une aventure fantasque et extravagante où les prétendants amoureux vont se succéder les uns après les autres et user de tout leur "pouvoir de séduction" pour charmer cette vendeuse de rue.

La composition visuelle est créée par Robert Parlange. Elle est faite à partir de celluloids découpés, peints et animés image par image sur un fond fixe,  le puzzle représentant "Fleur du pavé". Par intermittence, c'est aussi tout le puzzle pièce par pièce qui va être animé/modifié/recomposé selon des jeux de géométrie, afin de faire se succéder les différentes scènes du film.

Côté création sonore, c'est l'électroacousticien, Alain de Filippis, armé de synthétiseurs analogiques à fiche et d'un enregistreur à bande magnétique, qui a composé toutes les boucles de son. Il a échantillonné des morceaux de musique puis les a retravaillés, les doublant de voix et de chants, ajoutant de la réverbération, de l'écho ou du delay et de multiples effets.

Les deux amis se sont ensuite attelés à l'une des parties les plus délicates du film, la synchronisation son/image. Pour cela, comment faire ? : 1°) Réaliser le montage son mixé (sur bande magnétique multipiste) ; 2°) Faire le report du son mixé, via une table de montage Super 8, sur la piste magnétique de la pellicule Super 8 qui contient la bande image ; 3°) S'assurer de la bonne synchronisation des élements image et son. 4°) Sur le papier, cela a l'air simple ; en réalité cela reste très compliqué !

Enfin, s'il y a bien un souvenir que retient le cinéaste de la réalisation de ce film, c'est tout simplement le grand plaisir quasi enfantin de la création et de l'expérimentation où chacun tente de dépasser les limites techniques pour laisser parler son imaginaire et inventer des "solutions" visuelles et sonores.

Cet article a été rédigé à partir d'un entretien téléphonique réalisé avec Robert Parlange le 5 mars 2019. Robert Parlange tient à saluer la mémoire de son ami Alain de Filippis et à rendre hommage au "fabricant de bruit" et  à "l'électroacousticien de génie", décédé il y a deux ans.

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