Des étrennes pour les hirondelles !

Voir la vidéo

Les premières patrouilles "D'hirondelles" apparaissent sur le sol parisien en 1901, mais c'est en 1958 que le réalisateur Jean Chauvin a réussi à en filmer une à Tours, postée au carrefour du pont Wilson et de la rue Nationale. 

Dès le début du XXe siècle la préfecture de police met en place une escouade de gendarmes à vélo afin de faire régner l'ordre et le calme, notamment lors des longues nuits d'hiver. Ces agents de proximité, comme on pourrait les nommer aujourd'hui, étaient souvent sélectionnés parmi les plus âgés car leur mission consistait plus à faire acte de présence plutôt qu'à pédaler derrière de dangereux malfrats. 

Ils tiennent ce surnom "d'hirondelle" de par leur pèlerine flottant au vent évoquant la silhouette de l'oiseau mais aussi du fait de la marque elle-même de leur bicyclette, "Hirondelle" de chez Manutan. Les vélos sont équipés de selles de grande qualité fabriquées par l'enseigne "Idéale" et la sonnette est siglée "Sûreté Nationale". Chaque agent reçoit une prime d'achat et une prime d'entretien, après avoir suivi une formation à l'École Pratique des Gardiens Cyclistes. Les bicyclettes étant leur propriété, les policiers en descendent que très rarement ou se promènent à pied marchant à côté d'elle.  De nombreux films des années 1950 les ont mis en scène parfois en les ridiculisant, courant sur leurs deux pattes après des enfants chapardeurs ! 

                                    police-velo-hirondelles-patrouille

En 1958 les ronds-point ne sont pas encore aussi nombreux et les feux parfois inexistants, ce sont donc les hirondelles qui se chargent d'organiser la circulation, comme dans ce film couleur 16mm tourné en haut de la rue Nationale de Tours juste avant l'entrée du pont Wilson. Posée sur une petite estrade, sifflet à la main, elle agite ses ailes en toutes directions.

Cette situation parfois périlleuse au milieu des embouteillages, ainsi que le côté inoffensif de leur moyen de locomotion, leur ont permis de trouver grâce aux yeux du public. C'est donc tout naturellement que certaines personnes, comme cette mère et son enfant, n'hésitent pas à marcher entre les voitures afin de leur offrir leurs étrennes de Noël. Tout porte à croire que ce sont bien sa propre femme et sa petite fille que Jean Chauvin, médecin à Tours et passionné de cinéma amateur, filme en ce jour de janvier 1958, apportant des friandises à l'agent qui semble chercher un coin de place sur sa plate-forme de circulation, elle-même embouteillée ! 

En 1950 on compte 2819 hirondelles à Paris et 2644 en banlieue. Puis, avec l'arrivée des moyens mobiles à moteur, elles vont décliner jusqu'en 1983 pour définitivement s'envoler en 1984, laissant pour certains le souvenir nostalgique du policier, à qui, au détour d'une tournée, on payait un coup à boire en discutant des nouvelles du quartier pour ensuite le laisser enfourcher son vélo dans un état pas toujours d'une grande sobriété !