Dali, portrait

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Expulsé des surréalistes en 1934 mais connu du grand public pour sa prononciation hilarante du mot ‘’désoyribonucléique’’ et du fameux ‘’je suis fou !!! Du chocolat Lanvin !!!’’, l’artiste catalan a, par ses outrances et son talent, marqué de son empreinte le XXe siècle.

Méprisé par une partie de la critique, déconsidéré par ses prises de positions politiques, renié par les surréalistes, il fut un artiste pourtant populaire. De la vie fantastique de cet artiste né en 1904 et mort en 1989 à Figueiras, nous ne retiendrons que quelques dates afin de ne pas se perdre. 1916, première rencontre avec l’impressionnisme et le dessin ; 1920 études aux Beaux-Arts de Madrid, rencontre avec l’ami Federico García Lorca ; 1929, premières rencontres avec le groupe surréaliste de Paris et avec Luis Buñuel ; 1934, Dali ravit Gala à Paul Eluard et Max Ernst, l’épouse civilement et se fait rejeter du groupe d’André Breton ; 1940, échappée aux Etats-Unis et début d’une carrière américaine fructueuse ; 1948, retour en Espagne franquiste et publication de « 50 secrets magiques » ; entre 1956 et 1972, il est prolifique et omniprésent sur la scène artistique et médiatique, mariage religieux avec Gala à Sant Marti Vell, premier film de l’art video avec Philippe Halsman « Chaos et création », première exposition d’hologrammes, création du Théâtre-Musée Dali de Figueres ; 1979, grande rétrospective Dali au Centre Pompidou ; 1980, rétrospective à la Tate Gallery de Londres ; 1983, grande exposition anthologique à Madrid, Barcelone et Figueres.

Cinéma : Passionné dès la fin des années 20 par le cinéma, Dali collabore sur deux films avec Luis Buñuel (le chien andalou et l’Age d’or), avec Alfred Hitchcock, Philippe Halsman, Jack Bond, Andy Warhol, Jean-Christophe Averty, José Montes-Baquer, Manuel Cusso-Ferrer (sur la base d’un scénario écrit par Dali en 1932).

"L'Apocalypse de Saint-Jean"

En 1956, Joseph Foret, éditeur d’art, fréquente Dali pour l’illustration du roman de Cervantes, Don Quichotte, il fait des milliers de kilomètres entre Paris et Portlligat pour satisfaire aux demandes de l’artiste puis réussit à l’entraîner dans l’aventure de « l’Apocalypse de St Jean » en 1959.

C’est à la fin des années 50 que Joseph Forêt avait eu la vision d’une œuvre collective exceptionnelle rassemblant les grands talents de la pensée et des arts de l’époque pour une édition exceptionnelle de "L'Apocalypse de Saint-Jean". Vont y figurer des œuvres originales de Salvador Dali, Bernard Buffet, Tsugouharu Foujita, Léonor Fini, Georges Mathieu, Pierre-Yves Trémois, Ossip Zadkine ainsi que des textes de Jean Cocteau, Jean Rostand, Daniel-Rops, Jean Guitton, Emil Cioran, Jean Giono et Ernst Jünger. Ce livre unique édité en 1959 par l'éditeur d'art Joseph Forêt sera le livre le plus cher et le plus lourd du monde (210 kilos). Le livre-monument a été réalisé en trois ans, en un seul exemplaire, sur parchemins (peau d’agneau, 150 feuilles de 65 × 75 cm) sous une couverture réalisée par Salvador Dali, en bronze (150 kilos) sertie d’or et de pierres précieuses.

Dali et Forêt, ce sera l'expérimentation dans la création, l'imagination sans limites, les expériences folles... La machine à coudre écrasée par un rouleau compresseur à Chaillot, Forêt se rend plusieurs fois à Portlligat pour permettre au maître d’expérimenter des projections sur pierres lithographiques, des tracés dans l’encre grasse avec escargot et grenouille. Chez Lumiplex, Dali écrase 666 tubes de peinture entre deux plaques de plexiglas. Tous deux savent que le monde a changé, ils adorent la médiatisation et convoquent la presse...  La société du spectacle est, et tout est événement. Il faut exciter la presse, les photographes et les caméras. La présentation de l'ovocipède qui contiendra le livre est mise en scène au Palais des Glaces et comme cela ne suffit pas, ils partent cueillir Joséphine Baker et Martine Carol à la sortie du Lido. Des rendez-vous VIP sont donnés à l'hôtel Meurisse où le joaillier Pierre Sterlé vient essayer le sertissage des pierres précieuses sur la non moins précieuse couverture de L’Apocalypse.

La fabrication du livre-monument donnera lieu à un film 16mm « L’Apocalypse », présélectionné au Festival du film amateur de Cannes et projeté hors-compétition au cours d’une soirée de gala le 8 septembre 1961. L’ouvrage parcourt l’Europe pendant dix ans pour être présenté au cours d’expositions où il remporte un important succès. Cette grande aventure demeure un fiasco financier, Joseph Forêt en ressort criblé de dettes qu’il mettra quinze ans à rembourser.

Quizz : Le saviez-vous ? En juin 1965, Dali présente une collection de maillots de bain, en 1969, il créé le logo en fleur jaune de la célèbre Chupa Chups, sucette adorée des jeunes. En 1970, sa célébrité est décuplée par le petit écran avec la publicité pour le chocolat Lanvin. Salvador Dali était captivé par l'Acide désoxyribonucléique (ADN). Au point d’y consacrer neuf tableaux entre 1956 et 1976, comme "Galacidalacidesoxyribonucleicacid" ou "La structure de l’ADN".

Joseph Forêt est un aventurier du XXe siècle, né en 1901 dans le Puy de Dôme, orphelin dès l’âge de 5 ans, élevé par sa grand-mère dans une pauvreté certaine, il est néanmoins scolarisé à Saint-Paul dans sa ville natale, qu’il va quitter très vite pour faire de petits boulots : guide de montagne, aide-glacier, aide-machiniste, télégraphiste, ajusteur chez Michelin, groom, manutentionnaire. En 1919, il part à Paris, exerce d’autres métiers : ouvrier, débardeur à la gare d’Austerlitz, figurant de théâtre, décorateur, monteur sur bronze, livreur de journaux, astrologue.Passionné de la petite reine (il fut coureur sur piste à Clermont-Ferrand en 1918), il s’inscrit au prestigieux club de Levallois de la grande époque de 1925 à 1930, se fait des relations. Il vit du négoce de timbres en 1941 et se lance dans l’édition d’art : plusieurs ouvrages de qualité pour les enfants, une revue philatélique. Après la guerre, il se lance dans l’édition de cartes postales, notamment avec une série consacrée au Tour de France cycliste, activité qu’il continuera jusqu’en 1961. En 1950, il devient impresario, organisateur de tournées théâtrales, parallèlement il mène son activité d’éditeur de livres d’art. Il publie des textes d’André Maurois, illustrés par Utrillo (Paris capitale), de Cécil Saint-Laurent par Dali, des poèmes illustrés par Picasso, des textes classiques illustrés par Buffet, Dali, etc...

Le fonds Joseph Forêt : Mémoires écrits à la fin de sa vie. Dossiers et documents manuscrits ou tapuscrits composant les mémoires de Joseph Foret, illustrés de nombreuses photographies, coupures de presse, documents divers, correspondance, films. Archives conservées par Mme Broutta, collaboratrice de J. Foret de 1957 à 1965 et données à la Ville d’Issoudun en 2013.

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