BALMA, le roi des produits à détacher !

En épousant le 26 avril 1933 Germaine Biard, fille des droguistes de la rue Victor Hugo à Châteauroux, Joseph Limousin entre dans le domaine de la droguerie et de la chimie.

La Droguerie Centrale E. Biard est une grande entreprise qui commercialise les produits chimiques, couleurs et vernis, le verre, les fournitures électriques, les produits cinématographiques et photographiques et bien entendu la brosserie, les éponges, les pinceaux, la parfumerie sans compter les tapis, carpettes, linoléum et toiles cirées.

Joseph Limousin s’intéresse à la chimie. Installé dans la famille Biard, il décide de proposer une gamme de produits d'entretien à laquelle il donne le nom de Balma. Le nom BALMA viendrait des initiales de Biard, Alexandre, Limousin, le reste serait les premières lettres du nom du chimiste M. Marion qui élaborait les compositions des produits. Balbutiante et artisanale avant la 2e guerre mondiale, cette activité va se développer grandement dès 1945 sous le nom de Produits Balma.Le nettoyant BALMA est à base de trichloréthylène, aujourd’hui interdit. La recette n’a rien de spécial mais elle est promue dès le départ par des moyens spectaculaires et par dix commerciaux qui sillonnent la France dès la fin de la guerre afin de proposer ses produits aux drogueries et quincailleries. Une ambulance Matford (1) recyclée sert à faire la promotion et les livraisons sur les routes et dans les différentes foires et marchés.

Dès 1947, les produits Balma prennent leur essor. La marque d’Alexandre Biard et de Joseph Limousin (Ernest Biard préfère alors se faire appeler Alexandre) propose un détachant, un produit anti-fourmis, un anti-mites, des encaustiques, des vernis et peintures mais également des insecticides agricoles. Un laboratoire-usine est ouvert impasse Auliard à Châteauroux et emploie dix personnes.La droguerie Biard continue de fournir en produits chimiques l’agriculture et l’élevage : sulfate de cuivre, souffre et bouillies cupriques pour la vigne, produits vétérinaires, bi-phosphate de chaux, farine lactée pour l’alimentation du bétail.

BALMA est présent à la Semaine Berrichonne mais également dans les foires-expositions de Paris et Marseille. Joseph Limousin est avant tout un chef d’entreprise, ce que l’on appelait alors un "meneur d’hommes", tout comme son beau-père Ernest-Alexandre. Il veut développer le Labo Balma et ouvre le capital de la société, les principaux actionnaires viennent de l’agriculture et sont principalement des céréaliers. Joseph Limousin veut développer l’affaire et investir dans le domaine phytosanitaire, ses actionnaires sont timorés. De guerre lasse, il revend ses parts de la société en 1965. Sans chef de file, les produits BALMA  ne savent pas faire face aux nouveaux enjeux de la concurrence et disparaissent peu à peu de la scène commerciale. On ne trouve aujourd’hui que de très faibles traces de l’intense activité des années 50, quelques présentoirs cartonnés sont encore vendus sur des sites en ligne pour collectionneurs.

Symptomatique de la créativité des entreprises françaises de l’après-guerre, les produits BALMA auraient pu avoir un autre destin. Eugène Schueller, père fondateur de l’Oréal, ne vendait-il pas du savon, du shampoing et la fameuse peinture Valentine ?

(1) Constructeur français fruit d’un accord entre Ford France et la société alsacienne Mathis.

Joseph Limousin est né en 1908 à Châteauroux, son père est fonctionnaire colonial. En 1930, la famille Limousin rentre en France, Joseph termine ses études à l’incontournable collège Léon XIII de Châteauroux. En 1933, il épouse Germaine Biard et rejoint la célèbre Droguerie Centrale Biard, il y développe le rayon photographie et cinéma. Leur fils unique, Jean-Claude, naît en 1937. C’est à cette occasion que Joseph Limousin commence à filmer avec une caméra 16mm Kodak mécanique. Membre actif de la société civile castelroussine, il anime la semaine berrichonne et présidera la société des fêtes de Châteauroux. Il suit les actualités castelroussines avec sa caméra. Pendant l’occupation, il fait partie des Tréteaux du Lombardon, compagnie amateur menant une revue destinée à rassembler des fonds pour les prisonniers français en Allemagne. Il est cofondateur du Caméra Club de l’Indre en 1947 avec Jacques Griffon. François Balsan, l'explorateur, lui confie le montage de tous ses films.

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