Plein Cadre Sur Hélène Genin, femme libre

Hélène Genin est née à Châteauroux en 1923 et décédée en 2003. Sans enfants, c'est sa soeur Michelle qui dépose l'ensemble de ses films à Ciclic en 2011. La caméra l'a accompagnée pendant une partie de sa vie, essentiellement dans des films personnels dans l'Indre et des films de voyages à l'étranger.

 

C'est lors d'un voyage dans les pays nordiques avec sa soeur Michelle et ses amies, que Hélène Genin tourne ses premières images, en 9,5 mm. Elle filme les paysages et monuments en prenant soin d'indiquer les différentes villes visitées par des cartons-titres écrits à la main et illustrés. Cet album de vacances est ponctué de moments de baignade et de pique-niques, et la caméra passant de mains en mains nous donne l'occasion de voir Hélène à l'écran.

Ses défauts de débutante - caméra instable et mise au point approximative - seront vite gommés après un bref passage au Caméra-Club de l'Indre. Elle y apprend, aux côtés de son conseiller technique Jacques Griffon, les rudiments de la prise de vue, comme ici dans un parc de Châteauroux où les membres du club, photographes et cinéastes, s'entrainent à la pratique du portrait. On l'aperçoit également caméra à la main, aux côtés de Madeleine Chaploteau, dans un film de Jean Rémia tourné à l'abbaye de Moutier-d'Ahun lors d'un tournage des membres du club. Petit à petit, un soin particulier est donné au cadre et à la lumière et les séquences familiales sont mises en scène : Hélène ralentit ses mouvements, demande aux protagonistes de prendre la pose ou met en scène leur promenade comme dans le film de mariage de Michelle. 

Ces apprentissages seront mis à profit dans une fiction où sa soeur est de nouveau le personnage principal, mais cette fois, déguisée en sorcière qui se saoule au champagne ! Hélène Genin exploite alors les différents trucages que les caméras amateur savent exécuter : accélérés et ralentis, apparitions/disparitions, retours en arrière... Ce film est sans doute tourné dans le parc du manoir familial de Clavières, sur la commune d'Ardentes, où Hélène profite de sa proximité avec l'Indre pour tourner un très beau documentaire sur la nature environnante pendant une année.

En 1951, dans le cadre de l'OTAN, l'US Air Force s'installe sur les bases aériennes de Déols et de la Martinerie. Comme de nombreux castelroussins, Hélène, qui parlait très bien anglais, se lie d'amitié avec les américains, notamment à la Croix Rouge ("Américan Red Cross") et avec l'une des rares femmes militaires de la base. C'est à ce moment-là qu'elle passe au format 16mm pour filmer les parades et cérémonies qui donnent lieu à de très belles images en couleurs et rapprochées des musiciens, des officiers et des familles américaines. La présence de 7000 américains à Châteauroux entre 1951 et 1967 est un épisode important dans la mémoire de ses habitants. De nombreuses fêtes étaient organisées à la Croix Rouge et Hélène Genin a tourné les seules images connues à ce jour qui témoignent de leur joyeuse ambiance. C'est avec ses amies qu'elle découvrira l'Angleterre, l'Italie, le Danemark, et montrera tout son talent de cinéaste dans des documentaires très soignés. 

Hélène Genin entre dans la collection "Plein cadre sur", série de portraits de cinéastes amateurs créée par Ciclic-Centre Val de Loire en juin 2020, diffusée sur Mémoire et sur Facebook-Ciclic-Mémoire.

Ajouter un commentaire