"J'maintiendrons", une histoire thiauline de Jeanne Hutin & Claire Guilloux

"J'maintiendrons", c'est l'histoire d'une idée portée par Claire Guilloux & Jeanne Hutin, celle de filmer un morceau de vie thiauline pour tenter d'en saisir avec sincérité une époque déterminante pour la vie de l'association. Lancé en novembre 2018, c'est aujourd'hui un film qui s'inscrit dans l'acte de transmission de Roger Pearron - fondateur des Thiaulins. Mais comment sont-elles parvenues à ce résultat ? Quelques éléments de réponse après les avoir rencontrées. 

"A leur manière", les deux jeunes réalisatrices, caméra au poing, sont parties en quête d'un passé pour mieux comprendre le présent d'une culture paysanne berrichonne. Face ou hors caméra les Thiaulins oeuvrent depuis plus de 70 ans au passage de relais des traditions paysannes, parfois mises de côté, dans notre monde qui ne prend pas le temps de regarder derrière lui... Jeanne & Claire avaient besoin de prendre ce temps, pour (se) comprendre et faire comprendre ce qu'est le monde thiaulin. Mais qui sont-elles et pourquoi se sont-elles lancées dans cet ouvrage ? 

D'un côté, Claire G. "est née Thiauline", cet univers lui a été transmis par les gênes parentaux. Très tôt, elle va être initiée et s'investir dans l'association avant de grandir et de s'en éloigner.. "On était les gamins" dit-elle. Avec l'âge d'autres préoccupations sont apparues mais elle revient rapidement à la source par l'image. Aujourd'hui chargée de programmation culturelle, elle va faire de sa passion, le théâtre & l'image, une force au service des cultures et des traditions locales. 


De l'autre, Jeanne H. a elle été "parachutée" dans ce monde qui lui était inconnu. C'est en 2018 qu'elle rentre dans cette famille Berrichonne avec quelques difficultés pour expliquer à son entourage ce qu'elle pouvait vivre au Château du Plaix : "Je voulais véritablement faire comprendre ce qui se passait au Plaix"... Issue d'une formation journalistique, le naturel a pris le dessus et elle s'est emparée d'un micro pour interroger les Thiaulins & Thiaulines.

Deux profils : artistique et journalistique, deux histoires thiaulines, deux visions mais un objectif : Partager au grand public et faire de ce film un bien commun pour l'ensemble des Thiaulins...Un parfait binôme. Vous me direz qui de mieux que des Thiaulines pour en parler ! Et il ne fallait pas moins d'énergie, de volonté et d'envie pour mettre à bien ce film de 40 minutes. Il est vrai que la tâche était ardue, expliquer l'inexplicable, rendre tangible les émotions et les pensées d'un groupe d'une certaine longévité, faire comprendre la richesse de leurs traditions, leur identité... Un défi relevé au vu des premiers retours globalement très positifs. 

Comme une bonne danse traditionnelle, le documentaire a été pensé en trois temps, les inspirations et la genèse de l’association, les stagnations et les problématiques rencontrées par sa perpétuation, et, enfin, son devenir - Inspiration - Suspension - Expiration (cf dossier de presse). Une forme pensée comme un chemin initiatique permettant au public d'entrevoir toutes les facettes, sans omettre les complexités présentes dans toute vie associative. La forme bien que documentaire peut être assimilée à un récit de vie, dans tous les cas les réalisatrices ne cachent pas le manque d'objectivité : "L'objectivité est un mythe vers lequel il faut tendre (...) mais il ne doit pas remettre en question l'objet de notre travail". Claire G. allant jusqu'à défendre l'idée que c'est la fiction qui lui a permis d'élaborer le documentaire et de se détacher de sa situation de Thiauline : "Les Thiaulins étaient des "personnages" qui vivaient une trame narrative". 

Chaque minute du film est sans cesse en équilibre entre passé & présent. Au début la parole des anciens était beaucoup plus importante mais progressivement un autre chemin s'est dessiné : "L'objectif n'était pas de faire un documentaire sur  Mic Baudimant" (ancien président des Thiaulins). La caméra était le prétexte pour faire parler et réunir toutes les générations. Chez les Thiaulins tout est imagé, l'oral est un bon outil, mais pour exceller, il faut faire, l'attention est essentiellement portée sur le geste et sa répétition. Le travail de captation, d'archivage s'avère alors essentiel pour l'histoire des traditions locales et leur pérennité.

Tout comme les Thiaulins, Claire & Jeanne n'ont rien lâché, J'maintiendrons est un cocktail savoureux qui marche par trois : prise de vues, interviews et archives. Alors que l'idée d'un film pouvait paraître "farfelu", l'utilisation d'archives a fait l'unanimité. "Très vite on a compris l'apport essentiel et sentimental de l'archive (...) Elle est tellement intéressante pour ouvrir le présent à son histoire". Certains y ont revu des proches, d'autres des moments oubliés mais tous ont alors compris la richesse du projet et sa postérité. Les archives utilisées dans le film proviennent essentiellement de Thiaulins mais aussi de sources extérieures comme celles de la Bibliothèque Nationale de France et celles de Ciclic Centre-Val de Loire. 

J'maintiendrions a été multi-diffusé en région et au-delà. Alors que la réception du film est très bonne, les réalisatrices sont toujours ouvertes aux propositions pour projeter un bout du territoire berrichon en public. J'maintiendrons a encore de belles années devant lui, il est prêt pour vivre d'autres aventures afin que le plus de personne possible se "rappelle pourquoi les Thiaulins sont là" (commentaire Charlène co-présidente des Thiaulins)

En collaboration avec les réalisatrices, Ciclic Centre-Val de Loire vous invite à visionner J'maintiendrons et à plonger dans une histoire locale qui est peut être la vôtre. De même, vous pouvez retrouver toutes les archives Ciclic utilisées dans le cadre de cette production sur le site dans la partie "Films d'archives". N'hésitez pas à vous y rendre ! 

Le Projet - 
« J’maintiendrons », c’était la devise de Roger Pearron il y a plus de 70 ans à la création de l’association des Thiaulins de Lignières. Fondée à la suite du constat d'une disparition accélérée de la culture paysanne, l'association voit aujourd'hui ses jeunes membres s'éparpiller aux quatre coins de la France. Dans les couloirs du château du Plaix, siège de l'association, on se demande ce qu’il en reste, de ce groupe, de cette envie de "maintenir". Qu’est-ce qui a traversé les années et de quoi hérite la jeune génération ? Que sont devenues les envies d’hier ? Que maintiendra-t-on demain de ces modes de vie anciens ? Ce documentaire retrace les arrivées des membres de l’association, des premières aux dernières, leurs rêves et leurs difficultés. Il propose une immersion dans le Château du Plaix d’aujourd’hui, dans ses espoirs et ses désillusions.