Cannes, n'oublie pas ton créateur - Jean Zay

Nous sommes en 1939, le Festival international du film devait être la première édition de ce que l'on nomme aujourd'hui le Festival de Cannes ! Lancé par le gouvernement français pour s'opposer à un autre festival - la Mostra de Venise - celui-ci italien dont l'édition de 1938 s'est déroulée sous l'égide des fascistes. En France, c'est Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, qui soutient le projet, qui ne verra jamais le jour... Alors que la 76e édition du festival est à nos portes, rendons aujourd'hui hommage à cet homme sans qui Cannes ne serait pas. 

Est-ce que le Festival de Cannes doit tout à Jean Zay ? Sûrement pas, mais l'histoire de nos sociétés contemporaines nous montre que le destin d'un groupe est très souvent lié aux individualités parfois pour le pire mais aussi, et fort heureusement, le meilleur. Jean Zay est un de ces hommes qui par engagement et conviction a su faire bouger les lignes politiques et culturelles de la France.

À quelques mois d'un conflif mondial, les orléanais, ici filmés par Émile Lauquin, savourent les fêtes johanniques sous le soleil de mai 1939. Sur les images Albert Lebrun est accompagné par son ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts, Jean Zay, tous deux invités d'honneur. Mais l'entrée en guerre de la France en septembre 1939 donnera un coup d'arrêt tragique à la vie de Jean Zay dont l'oeuvre politique et culturelle fut d'une grande intensité. 

Arrêté et déporté, il deviendra le bouc émissaire archétypal du "juif et franc-maçon" du régime de Vichy. Il sera détenu jusqu'en 1944, année où il sera assassiné par trois miliciens à Molles dans l'Allier.


Jean Zay laisse derrière lui une oeuvre pionnière en matière d'éducation et de culture. Sans être exhaustif, nous lui devons entre autres les trois degrès d'enseignement, l'unification des programmes, la prolongation scolaire à 14 ans ou bien encore le sport au sein des établissements. Son oeuvre ne s'arrête pas là puisqu'au sein des Beaux-Arts il a créé le musée national des arts, le musée d'Art moderne et est à l'origine de la réunion des théâtres lyriques nationaux, de la Cinémathèque française sans oublier les prémices du festival de Cannes. 

Encore aujourd'hui, l'oeuvre politique de Jean Zay résonne dans notre quotidien. Le festival de Cannes en est un exemple parmi d'autres. Rendons hommage à cet homme disparu trop tôt à travers quelques images d'époque où Jean Zay continue d'y apparaître en homme d'Etat. En 2019, le comité Jean Zay 1939 s'est proposé de reconstituer l'évènement, à Orléans, ville de son instigateur. Ciclic Centre-Val de Loir a pour l'occasion fait parler une nouvelle fois les archives magnifiquement accompagnées par la musique d'Amin Goudarzi. 

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Emile Lauquin - « J'ai filmé plusieurs fois la hauteur de la Tour Eiffel en métrage de pellicule ». C'est ainsi que se présente Emile Lauquin, pâtissier d'Orléans, qui tourne en 16 mm de 1930 à 1978. Réalisateur prolifique, Émile Lauquin est né en 1898 à Tours. D'abord apprenti-pâtissier chez son père à 16 ans, il devient plus tard propriétaire de la Pâtisserie du Palais à Orléans, plus connue sous le nom de « Pâtisserie Lauquin », dans la rue de la République. Avant tout chef d’entreprise, il n'oubliera cependant jamais de mettre «  la main à la pâte ». Il mène tout au long de sa vie cette double activité  : pâtissier et cinéaste.